Le budget a prévu le montant de 554,7 milliards de dinars (environ 7 milliards de dollars) pour les réévaluations des programmes déjà en cours d'exécution. Ce qui veut dire que les projets en cours (évalués à 13 884 mds de dinars à fin 2013), auxquels s'ajoutent quelques chantiers au Sud et celui de l'assainissement de l'oued El-Harrach, coûteront quelque 40% plus cher... s'ils sont achevés à fin 2013. Sinon, ils seront réévalués dans le cadre du budget 2014 ! Dès fin 2009, sur les 286 milliards de dollars du programme de relance, 130 milliards de dollars étaient destinés au “parachèvement des grands projets déjà entamés, notamment dans les secteurs du rail, des routes et de l'eau". Mais on pourrait se retrouver avec bien plus que cela de surcoûts d'un développement en termes d'équipements déjà contrarié par tant de retards, de surcoûts et de dilapidations. Le budget a prévu aussi qu'une part du budget de fonctionnement sera destinée à financer la lutte contre l'inflation, notamment en dotant l'Etat de moyens de contrôle. Ce qui paraît absurde, les prix étant, hormis pour les biens tarifés distribués par les instruments de l'Etat (énergie et carburants) et les quelques produits subventionnés, libres. En somme, l'Etat se propose de dépenser plus pour que les prix augmentent moins. Ce qu'il fait déjà en soutenant des produits de première nécessité surtout sous forme de subvention ou d'exonération de taxes et droits de douane. En gros, le pouvoir organise une opération de camouflage de mouvement d'inflation réel en tassant les prix par la subvention, contrôlant ainsi le taux d'inflation officiel. Il faut un surplus de dépenses budgétaires pour contenir l'augmentation des prix, d'une part, et financer la mauvaise gestion de l'investissement, d'autre part. Si chaque année, l'on réévalue les projets en cours, l'opération peut se répéter plusieurs années consécutives. Et pour les projets les plus importants. On ne saura peut-être jamais combien aura réellement coûté chaque tranche du métro d'Alger, ni combien aura coûté l'aérogare d'Alger. Comme on ne saura jamais combien aura coûté l'aéroport. Car cette technique de réévaluation annuelle fonctionne, peut-être, selon la logique des intérêts cumulés. On finit par payer des intérêts sur les intérêts, puis sur les intérêts des intérêts et ainsi de suite jusqu'à la fin du cycle. Bien que le montant de l'intérêt puisse finir par dépasser le principal, le surcoût du projet régulièrement réévalué peut finir par dépasser le coût initial du projet. Cette fois-ci, le gouvernement a réduit le budget d'investissement justement parce que le niveau de réévaluation l'empêche d'initier des projets au niveau habituel. À la fin, les retards, les déperditions et les surcoûts et la nécessité de les financer ont sanctionné l'investissement. On retarde le développement pour que la mauvaise gestion du budget n'apparaisse pas au grand jour. On a fini par avoir un budget dédié essentiellement à corriger l'inefficacité des budgets précédents. Faute de rigueur, faute de contrôle et faute de sanction politique de la mauvaise gestion, la dépense appelle la dépense. La dépense, c'est aujourd'hui l'occupation et la légitimité du pouvoir à la fois. Le régime peut survivre jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de rente. Mais que sera le pays ce jour-là ? M. H. [email protected]