Elle n'aurait vraisemblablement pas de nom propre, cette agglomération de 3000 habitants rattachée à la Cité Beni Mouimen perchée sur le relief collineux qui surplombe la ville d'El-Affroun. Durant l'époque coloniale, les habitants (autochtones) de ce qui était, alors, le village d'El-Affroun, dénommaient ce maquis boisé, relativement peu habité, auquel on avait accès par un chemin escarpé, “Douar Les Indiens" – probablement pour les huttes en roseau, de forme conique, qui le peuplaient et d'où se dégageaient des fumées. Les films “Cow-Boys" et bandes dessinées de l'époque ne sont sans doute pas étrangers à cette référence culturelle. On saura, plus tard, que l'administration coloniale avait donné un nom à cette zone “Cité Bourgogne" – un nom bien français (sans doute en rapport avec la Bourgogne) qui colle encore à ce lieu connu aujourd'hui sous l'appellation de “Bourgoun" et que l'on a vu transcrit en arabe “Abou Rgoun". On se demande pourquoi elle ne porterait pas le nom d'un des martyrs d'El-Affroun ou encore celui d'un moudjahid (ou moudjahida) connu (e) pour sa bravoure – ce qui réhabiliterait la mémoire de ce lieu qu'ont emprunté les moudjahidine pour se fondre plus loin dans les épais maquis. Un lieu encore où les accrochages meurtriers n'étaient pas rares. à un moment (bien tard) où le peuple découvre le regretté Pierre Chaulet, il faut savoir qu'à El-Affroun, des Européens (Français de souche, Espagnols, Corses...) ont milité clandestinement pour la guerre de libération nationale et protégé des Algériens qu'ils ont, à diverses occasions, arrachés à une mort certaine. Et ils étaient loin d'être rares. Mais combien sont-ils à le savoir et à le dire aujourd'hui ? F S