Au troisième jour du procès des accusés dans l'affaire de l'assassinat de l'entrepreneur d'Aghribs, Hend Slimana, le verdict n'était toujours pas connu à 19h. Après une longue journée d'attente, des dizaines de citoyens et les membres des familles concernées attendaient toujours devant l'entrée du tribunal criminel près la cour de justice de Tizi Ouzou. Le jury du tribunal, qui est en délibération depuis les premières heures de la matinée, continue toujours à maintenir le suspense. Selon des sources crédibles, les membres du jury devaient trancher plus de 1 000 questions. Ce qui aura alors nécessité autant de temps. Mais, sans doute, pas que cela. L'affaire Slimana servira dorénavant de référence en matière de lutte contre l'insécurité sous toutes ses formes dans la région. “Si au laxisme déjà constaté des services de sécurité s'ajoutera une complaisance de la justice, c'est que la région en payera encore un lourd tribut dans le sens où si les condamnations s'avèrent légères, ça ne fera qu'encourager les criminels de tous bords", nous expliquera un avocat. En plus, il est question de rendre justice non seulement à la famille Slimana et aux 41 victimes enregistrées dans les 19 affaires dans lesquelles sont impliqués les 14 mis en cause dont deux sont toujours en fuite, mais aussi à toute la région de Kabylie où l'insécurité a fait fuir de nombreux entrepreneurs capables de créer des richesses et des emplois dans la région et a empêché d'autres de s'y installer. Dans ce sens d'ailleurs, certains avocats de la partie civile, dont Me Mokrane Aït Larbi, ont estimé que l'instruction de cette affaire a été bâclée. Pour lui-même, si les mis en cause sont lourdement condamnés, l'on sera loin de la fin du règne de l'insécurité en Kabylie où il n'est pas question d'incompétence des services de sécurité mais de volonté politique. Pour rappel, le procureur du tribunal a requis des peines très lourdes à l'encontre des mis en cause, puisque 10 peines capitales ont été requises, mais tout en laissant entendre que l'existence de ce genre de groupe de malfaiteurs n'est pas de nature à remettre la “paix retrouvée" en question. Il aura manqué de peu pour qualifier cette affaire d'acte isolé. Or, il est clair que même si cette affaire a révélé au grand jour que le terrorisme n'est pas seulement lié à l'islamisme armé, il n'en demeure pas moins que la région de Kabylie est celle qui souffre le plus de l'insécurité et plus particulièrement du phénomène des kidnappings dont le nombre a atteint 71 cas. S L