Le procureur de la République du tribunal criminel près la cour de justice de Tizi Ouzou a requis, hier, de lourdes peines à l'encontre des mis en cause dans l'affaire de l'assassinat de l'entrepreneur Hend Slimana et de 18 autres affaires criminelles. Après avoir longuement motivé son réquisitoire, le procureur a demandé l'application de la peine capitale à l'encontre des 10 mis en cause, à savoir T. Boussad, T. Youva, H. Sadek, qui est présenté comme le cerveau du groupe, A. Lyes, I. Sofiane, I. Hassen, H. Salah, S. Omar, A. Rabah et A. Mohamed, la réclusion à perpétuité pour B. Mohand et, enfin, en dernier, 20 ans de réclusion à l'encontre de B. Abderrazak. Le représentant du parquet a également demandé la saisie de tous les biens trouvés en la possession des mis en cause. En prononçant son réquisitoire, le représentant du parquet est longuement revenu sur les faits qui ne permettent guère, a-t-il dit, d'accorder le bénéfice d'une quelconque circonstance atténuante pour un des mis en cause dans ces affaires qui, a-t-il encore ajouté, ont semé la terreur durant longtemps. “Ils ont partagé les rôles, ils ont partagé les gains de leurs actes, alors aujourd'hui aussi ils doivent partager leurs pertes", a déclaré le procureur aux yeux de qui “même le reniement des faits que les accusés ont tenté d'utiliser comme moyen de défense ne sert à rien puisque leurs aveux devant la Police judiciaire et le juge d'instruction sont largement appuyés par le recours à la technologie, par les preuves matérielles et les expertises effectuées ainsi que par les témoignages des victimes". “Les accusés crient à un film monté contre eux, et c'est vrai que les faits peuvent bien inspirer un scénario d'un film, mais là nous sommes devant une réalité", a-t-il encore expliqué. La réalité est, en effet, là et le souvenir vivace dans les esprits. Hend Slimana a été tué et ses enfants passeront leur deuxième fête de l'Aïd sans lui. Lui qui, au moment de son assassinat, préparait une grande opération de solidarité au profit des démunis de sa région. Selon Me Chikhaoui, un avocat de la défense, “son sort n'a pas été scellé par le destin, mais par une bande de malfaiteurs". En face de son âme qui réclame justice, l'on n'a vu au tribunal que des mis en cause qui, selon le procureur, “ont tout nié aussi simplement qu'ils commettaient leurs forfaits". Des reniements faits parfois à base de contradictions qui n'ont échappé ni à la juge du tribunal ni aux avocats de la partie civile. Lors des plaidoiries des avocats de la partie civile, Me Mokrane Aït Larbi est revenu surtout sur l'aspect politique de l'affaire. Il a relevé que les mêmes services de sécurité existent dans toutes les régions du pays, pourtant les habitants des autres régions ne subissent pas ce que subit la population de Kabylie. “Il n'est donc pas question d'incompétence des services de sécurité, mais plutôt de volonté politique", nous a-t-il déclaré. C'est en ce sens d'ailleurs que Me Amar Zaïdi qui a replacé certains faits dans leur juste contexte s'est interrogé : comment des armes ont-elles été acheminées de Tamanrasset jusqu'à Tizi Ouzou sans que personne s'en aperçoive ? Il est à noter que le verdict était attendu pour assez tard dans la soirée, soit à la fin de la plaidoirie des 16 avocats de la défense. S L