Le redressement de cette branche est devenu un véritable casse-tête. Les traitements presque exclusivement financiers ont montré leurs limites. Le secteur industriel, notamment public, n'en finit pas d'aligner des contre-performances. La production, pour les neuf premiers mois de l'année 2003, a connu une baisse de 1,93%, selon les chiffres avancés, hier, par le ministre de l'industrie invité du forum du quotidien El Moudjahid. Cette contre-performance interpelle à nouveau sur le mauvais état de fonctionnement de l'industrie du secteur public, notamment dans certaines filières. Les mesures de redressement mises en œuvre, axées essentiellement sur l'assainissement financier et la restructuration des entreprises, ont eu un effet conjoncturel positif certes, mais sans portée à long terme. Les entreprises dans leur majorité sont vite revenues à une situation d'inefficacité (sous-utilisation des capacités, découverts bancaires élevés, mévente de produits, surcoût de production…). Aujourd'hui, la situation est telle que le fait “de maîtriser la dégradation continue de la production” est assimilé à une performance. “Un tel résultat est en soi positif”, affirme M. El-Hachemi Djaâboub. Encore faut-il préciser que les résultats auraient été encore plus mauvais, si l'on avait extrait les performances de la branche sidérurgie-métallique qui a enregistré une croissance de 31%. Au plan financier, le chiffre d'affaires, entre septembre 2002 et septembre 2003, est passé de 305,2 milliards de dinars à 295 milliards de dinars, soit une baisse de 3%. Pour la même période, la valeur ajoutée a chuté de 5%. Au niveau de l'emploi, le secteur public a connu une perte de 1 817 postes durant les neuf premiers mois de l'année. À fin septembre, les effectifs s'élèvent à 179 749 salariés. Même le secteur industriel privé connaît actuellement un ralentissement de sa croissance. Mais elle demeure positive, avec un taux de 2,2%, très loin des taux de 8 et 10% enregistrés entre 1995 et 2000. Ce ralentissement, le ministre de l'industrie l'explique par la baisse des investissements, réalisés ces dernières années et surtout le développement de plus en plus du marché de l'informel. Sur le plan prévisionnel, le ministre avance un taux de croissance du secteur entre 1 et 1,5% pour la clôture de l'année 2003. À quelques mois de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, eu égard à la situation peu enviable des entreprises publiques et privées, la mise à niveau devient plus qu'une urgence. Et sur ce plan, les choses semblent traîner en longueur et contrastent avec la rapidité avec laquelle les pouvoirs publics gèrent le processus d'ouverture de notre économie. Le ministre de l'industrie annonce que 34 entreprises seulement ont bénéficié de 1,157 milliard de dinars pour la mise en œuvre de leur plan de mise à niveau, à raison de 34 millions de dinars par entreprise. Trois sociétés ont reçu 5 millions de dinars pour les études de diagnostic. Au plan de la certification, le bilan est encore plus mitigé. Seulement 85 entreprises ont été certifiées. Les fonds consacrés par le Trésor public à hauteur de 404 millions de dinars pour financer en partie les opérations de certification, de l'avis même de M. El-Hachemi Djaâboub, “est insuffisant”. Concernant la privatisation, le ministre de l'industrie affirme que, “mis à part les entreprises stratégiques, toutes les entreprises sont privatisables”. Il invite les éventuels repreneurs à se rapprocher des Sociétés de gestion des participations de l'Ètat (SGP). El-Hachemi Djaâboub préfère mettre à niveau les entreprises avant de les vendre. “La bonne gouvernance le recommande”, souligne-t-il. Le ministre, pour montrer la réussite de la privatisation du complexe d'El-Hadjar, annonce que Ispat va mettre en production cette semaine un nouveau laminoir d'une capacité de 400 000 tonnes par an. Le coût de cet investissement est évalué à 40 millions de dollars. Sur un autre registre, M. El-Hachemi Djaâboub affirme que le dispositif encadrant le montage de biens industriels a concerné 110 entreprises dont 10 relevant du secteur public. M. R.