La création d'une entreprise publique spécialisée dans la collecte et le stockage des peaux animales est “primordiale" pour relancer l'industrie nationale du cuir, pénalisée par le marché informel, la mauvaise collecte et l'exportation clandestine de ces peaux, estime un responsable du secteur. Cette société aura à gérer les opérations d'abattage dans les abattoirs en élaborant des cahiers des charges, imposant aux propriétaires des bêtes de vendre ces peaux aux tanneries publiques et privées selon les pratiques commerciales légales, a expliqué à l'APS Chouaïb Zaouidi, P-dg du groupe public des cuirs, Leather Industry. Dans certains abattoirs, les peaux animales se vendent avant l'abattage à des collecteurs et des tanneries privées qui n'ont même pas de registre du commerce, alors que les tanneries et les mégisseries publiques sont contraintes de facturer leurs achats, ce qui a créé une concurrence déloyale pour les entreprises publiques, a-t-il déploré. La non-facturation des transactions (achats de peaux) par les fournisseurs, essentiellement des maquignons, était la cause principale de la fermeture, en 2007, de la Société de collecte et de conservation des peaux et cuirs (Socop). Cette filiale de l'ex-Sonipec détenait des magasins spécialisés dans le ramassage des peaux dans les abattoirs. Mais l'absence de factures attestant ces transactions a pénalisé cette entreprise publique, a expliqué ce responsable. M. Zaouidi a fait remarquer, en outre, que le code des marchés publics ne facilitait pas ce genre d'activité étant donné que les collecteurs privés, travaillant dans l'informel, ne peuvent pas soumissionner pour décrocher ces marchés. “Le groupe public des cuirs avait déjà lancé des avis d'appel d'offres, mais aucun opérateur n'a soumissionné", a-t-il avancé. Selon les services vétérinaires, quelque 3 à 4 millions de moutons sont sacrifiés lors de la seule fête de l'Aïd el-Adha, une opportunité en or que devraient saisir les professionnels de l'industrie du cuir. R. N./APS