Le groupe public des cuirs Leather Industry va réaliser un projet innovant de transformation des déchets solides de tanneries, nocifs pour l'environnement et la santé humaine, en fertilisants agricoles, a indiqué mardi à l'APS le PDG du groupe, M. Chouaïb Zaouidi. Le Conseil des participations de l'Etat (CPE) a examiné ce projet en mars dernier et a autorisé le groupe à contracter des crédits bancaires de 200 millions de DA pour le concrétiser, a précisé M. Zaouidi. Il est ainsi projeté le traitement de 7.500 tonnes de déchets par an sur la base d'une capacité de traitement de 30 tonnes par jour, alors que la production d'engrais est estimée à 18 tonnes/jour pour une quantité annuelle de 4.500 tonnes, a-t-il ajouté. Selon lui, cette quantité "reste modeste" par rapport à la consommation algérienne d'engrais, estimée à 300.000 tonnes par an, "mais permettra de fabriquer un produit utile et de régler en même temps un problème environnemental très préjudiciable au développement de l'industrie". Avant de lancer des avis d'appels d'offres en janvier prochain, le groupe a sollicité les services du ministère de l'Agriculture pour un appui technique devant se traduire par des essais en culture au sein des instituts spécialisés pour mieux cerner les utilisations du produit projeté, a expliqué ce cadre dirigeant. Le groupe doit également faire appel aux services du ministère de l'Environnement pour que ce dernier organise le futur système de collecte de déchets à l'échelle nationale par l'adaptation des dispositions réglementaires et fiscales relatives à la protection de l'environnement et à la dépollution industrielle s'appliquant à l'activité de tannerie, a-t-il indiqué. Le site de la société de collecte et de conservation des peaux et cuirs (SOCOP), entité actuellement en liquidation, sera réaménagé pour abriter ce projet, selon ce gestionnaire. Il est situé à Rouiba, à côté d'une tannerie publique sur une superficie de 30.000 m2, a-t-il ajouté. Ce projet doit optimiser la collecte et le transport de déchets aussi bien ceux des tanneries publiques que privées, a souligné le PDG de Leather Industry. L'activité des tanneries consiste à fabriquer des cuirs par la transformation de peaux animales à travers des procédés mécaniques et chimiques, dégageant des déchets liquides et solides. En ce qui concerne les déchets liquides, les tanneries publiques sont équipées de stations d'épuration d'eau. Les eaux usées atterrissent dans une deuxième station d'épuration appartenant à la ville, a-t-il expliqué. Quant aux déchets solides, considérés nocifs pour l'environnement et la santé humaine, notamment le chrome, il fallait réfléchir à une solution pour les traiter et les éliminer, a relevé M. Zaouidi. "Il est impossible d'évacuer ces déchets dans les décharges publiques ni dans les décharges techniques spécifiques. Ces dernières n'existent pas pour ce type de déchets, alors que la destruction par incinération de ces déchets ne peut se faire du fait de l'émission de fumées toxiques", a-t-il noté. A cela s'ajoute l'instauration en 2006 du paiement d'une taxe d'incitation à la dépollution industrielle d'une montant de 10.500 DA la tonne de déchets produits, ce qui représente des charges supplémentaires pour les tanneries. Ces charges "constituent une forte contrainte financière pour une industrie qui, pour diverses raisons, n'utilise pas pleinement ses capacités, limitant ainsi sa rentabilité", a-t-il estimé. La solution innovante de fertilisants, répondant aux normes actuelles de l'Union européenne, est recommandée à titre d'exemple en Italie pour diverses cultures telles que le mais, le tournesol, le riz et la betterave sucrière.