Face à l'envol de l'euro, qui bat record sur record face au dollar, la Banque centrale européenne (BCE) semble se démarquer peu à peu de la sérénité sans faille qu'elle affichait jusqu'ici, laissant filtrer une certaine inquiétude pour la reprise en zone euro. La flambée de la monnaie unique, qui a crevé pour la première fois, lundi dernier, le plancher de 1,25 dollar, “introduit un élément d'incertitude” dans les prévisions de la BCE, notamment en matière de croissance, a reconnu un haut responsable de l'institut, s'exprimant de manière anonyme dans le Financial Times Deutschland, publié lundi dernier. La BCE va être forcée de “revoir l'ensemble” de ses projections à la lumière des variations de l'euro sur les “quatre à huit prochaines semaines”, poursuivait ce dirigeant. Ces nouvelles conclusions seront rendues publiques en mars, selon lui. Actuellement, la BCE table sur une croissance de 1,6% et une inflation de 1,8% l'an prochain en zone euro. La semaine dernière, deux membres du Conseil des gouverneurs de l'institution avaient déjà pris leurs distances avec la “ligne officielle”, qui défend un euro fort, en exprimant leurs inquiétudes pour le redémarrage économique encore hésitant en Europe. “Une nouvelle hausse de l'euro pourrait avoir un risque négatif pour l'accélération de la reprise”, selon le gouverneur national de la Banque de Belgique, Guy Quaden, tandis que son homologue néerlandais, Arnout Wellink, a estimé que si la devise “continue à grimper fortement, cela pèserait sur les exportations”.