Les députés du FLN vont se rassembler aujourd'hui devant l'Assemblée pour manifester leur colère contre la mesure qui vient de frapper leur parti. La riposte du FLN commence par celle de ses députés. Les parlementaires de ce parti ont décidé d'observer aujourd'hui un sit-in devant l'Assemblée populaire nationale (APN). Cette initiative, prise à l'issue d'une réunion tenue, hier, au siège de l'APN, où le groupe parlementaire était au grand complet, vient en réaction contre l'utilisation “éhontée de la justice” par le président Bouteflika dans sa décision d'invalider le VIIIe congrès du FLN, de geler ses activités et ses avoirs. “Nous n'allons plus nous taire ni rester les bras croisés”, ont martelé hier de nombreux députés rencontrés à l'Assemblée. “Nous sommes très en colère, disent-ils, contre le président Bouteflika qui vient de commettre l'erreur de trop, en touchant à un parti qui tire sa légitimité du vote du peuple”. “C'est le FLN qui a placé Bouteflika à El-Mouradia, et c'est le FLN qui va le faire partir”, tempête un député de l'Ouest. Un parlementaire du FLN d'Alger assène, quant à lui, que “Bouteflika vient de provoquer son départ en invalidant le VIIIe congrès du FLN”. Ces déclarations exprimées hier par de nombreux députés résument, en fait, l'état d'esprit dans lequel se trouvait l'ensemble du groupe parlementaire du parti majoritaire visiblement décidé à croiser le fer avec le Président- candidat. Et pour montrer leur attachement et leur soutien au secrétaire général de leur parti, Ali Benflis, une centaine de députés se sont rendus à l'issue de leur réunion à l'APN, au siège du parti sis à Hydra (Alger). “Nous sommes venus vous dire que le groupe parlementaire est soudé et que l'ensemble de ses députés vous disent qu'ils sont unis derrière vous pour vous défendre et protéger le FLN”, a déclaré tout de go Abdelkader Zidouk, vice-président à l'APN dans la grande cour du parti devant une assistance scandant à tue-tête “Benflis président”, “Bouteflika barra !” Et d'ajouter : “Nous vous disons, Monsieur le secrétaire général, qu'en tant que représentants du peuple, nous prendrons toutes les décisions qui s'imposent face à ce que vient de subir notre parti comme injustice”. Une intervention musclée Prenant place près de deux banderoles sur lesquelles on pouvait lire “Bouteflika out”, “Le FLN ne s'inclinera pas”, Ali Benflis, le patron du FLN, n'a pas mâché ses mots pour dénoncer l'instrumentalisation de la justice par le président Bouteflika pour les besoins d'un second mandat : “Aujourd'hui, la citoyenneté, c'est la démocratie, et la démocratie est en danger car (Bouteflika) qui ne croit pas au multipartisme, veut casser cette démocratie en voulant régenter les partis politiques de l'intérieur”. “Quelle honte !” assène-t-il sous un tonnerre d'applaudissements. “Qu'un chef d'Etat, Président-candidat, instrumentalise la justice pour se garantir un second mandat, c'est non seulement une violation des lois de la République mais, également, une violation du serment du Président qu'il a tenu après son investiture (en 1999)”, affirme Benflis avant d'enchaîner : “Il n'y a jamais eu une honte et un scandale judiciaire aussi déshonorant pour le pays comme celle de l'invalidation du VIIIe congrès !” Selon le leader du parti majoritaire dans les assemblées locales élues et à l'APN, “Bouteflika veut casser le parti des martyrs et des moudjahiddine !” “Il ne pourra pas le faire ! On lui fera barrage !” assène Benflis. “Nous sommes en 2004 et je suis convaincu que nous exprimons les mêmes espérances et revendications de progrès, de démocratie et de liberté que les Algériens”, explique-t-il tout en soutenant que “l'Algérie des années soixante est révolue et celui qui croit encore que les Algériens peuvent être dirigés selon les règles de cette époque est dépassé”. Le sit-in d'aujourd'hui est par ailleurs appelé à se généraliser à l'ensemble du territoire national dans les jours à venir avant d'aboutir à une “occupation permanente de la rue”, nous explique-t-on au FLN. “Nous resterons mobilisés jusqu'à ce que Bouteflika parte !” conclut un élu local d'Alger. N. M. Benflis, seul habilité à convoquer un congrès “Le secrétaire général du parti est le seul habilité, en toutes circonstances, à convoquer et à organiser le congrès conformément à tous les statuts successifs issus des congrès ordinaire et extraordinaire.” Ce sont là les termes d'une mise au point adressée, hier, par le FLN à l'Entv suite à la déclaration d'Abdelaziz Belkhadem, faite jeudi dernier, au cours de laquelle il déclarait convoquer un congrès du FLN. “Le nommé Abdelaziz Belkhadem, chef des chargés de mission et exécutant en chef de la tentative de déstabilisation du FLN par tous les moyens illégaux, a proféré des propos fallacieux et tendancieux en anticipant sur les évènements, poussant leur auteur jusqu'à vouloir interpréter des décisions de justice et des textes de loi dans le sens qui sert des buts apparents de trahison contre le parti”, lit-on dans le communiqué. N. M.