La bataille juridique à laquelle se sont livrées les deux ailes protagonistes du Front de libération nationale vient de connaître de nouveaux rebondissements. Le magistrat en charge de la plainte déposée par les légalistes de l'ex-parti unique contre les “redresseurs” pour “usurpation de qualité” a déclaré, hier, s'être “dessaisi unilatéralement du dossier”. Il s'agit de M. Abdelhak Boubetra, président de la chambre administrative qui avait prononcé, le 30 décembre dernier, le verdict invalidant le VIIIe congrès du FLN. Le magistrat a carrément demandé au président de la cour d'Alger de “désigner un autre magistrat” pour prendre le relais.Le juge motive, selon l'agence APS, sa décision par “les atteintes et accusations graves portées à sa personne suite à l'invalidation, par la justice, du VIIIe congrès du parti”. La plainte déposée par le FLN, version Benflis, traite de la demande introduite auprès du ministre de l'Intérieur et des 48 walis de “n'autoriser aucune activité au nom du FLN, organisée par des associations, des personnes ou par “le mouvement de redressement” et de considérer toutes décisions prises par ce mouvement comme nulles et non avenues”. La direction du FLN a intenté, au lendemain de la rencontre des dissidents à Djelfa, à la fin du mois de septembre dernier, une action en justice contre les personnes qui y ont pris part et qui comptent agir sous son sigle. La plainte concerne explicitement des ministres de la République en l'occurence Abdelaziz Belkhadem en sa qualité de responsable du “mouvement de redressement”, Amar Tou, Saïd Barkat et Rachid Harrouabia. C'est ainsi que les responsables du parti, et à leur tête M. Ali Benflis, s'en sont remis à l'arbitrage de l'institution judiciaire. Face à la décision du magistrat Boubetra, la direction du FLN affirme qu'elle n'a jamais porté d'accusations ou de pressions contre le magistrat qui a invalidé le VIIIe congrès et gelé du fait les activités et les avoirs du parti. Il s'agit d'une “manœuvre dilatoire du camp adverse”, nous confie M. Sellat chargé des affaires juridiques au niveau du parti. Et de poursuivre en précisant : “Il faut savoir que notre action dérange le camp adverse pour la concrétisation de son scénario devant déboucher sur la tenue de son prétendu congrès”. Notre interlocuteur joint hier par téléphone exprime ses regrets en disant : “Nous aurions aimé que cet éveil ou ce sursaut soit provoqué plutôt avant le verdict du 30 décembre dernier.” Plus loin, il n'hésitera pas à souligner que “le magistrat semble découvrir la suspicion sur l'impartialité qui existe dans la justice, alors que l'instrumentalisation et les pressions n'ont jamais cessé. Ils veulent renvoyer l'affaire aux calendes grecques, puisque la loi ne prévoit aucun délai, c'est une manière de étouffer l'affaire dans l'œuf”. Pour sa part, Si Afif, membre du bureau national du mouvement des “redresseurs” a estimé que “le fait que le VIIIe congrès ait été invalidé, toute action de justice introduite par la direction issue du VIIIe congrès n'a aucun sens”. Et la décision de Boubetra est, dit-il encore, “logique et sage”. R. H. Le dossier renvoyé devant une autre cour Le président de la chambre administrative de la cour d'Alger a “ordonné à l'audience de conciliation et d'enquête du 06 janvier, la communication à la cour, du dossier relatif au contentieux” pendant entre le FLN, d'une part, et le ministre de l'intérieur et des collectivités locales et les 48 walis, d'autre part, “aux fins de renvoi dudit dossier devant une autre cour”, apprend-on de source judiciaire mardi. cette décision intervient “en application des articles 201 et suivants du code de procédure civile, en raison qu'il a précédemment jugé en contentieux similaire entre les mêmes parties”, a-t-on précisé. Cette mesure, ajoute-t-on de même source, a été prise “dans le but d'une bonne administration de la justice”.