Selon une source proche de l'Association de la solidarité des pharmaciens d'Oran (Aspo), près de 200 officines ont dû baisser rideau faute de produits pharmaceutiques. “Nous risquons d'assister à la fermeture d'autres pharmacies si des solutions pérennes ne sont pas prises en urgence", a-t-on souligné, dimanche. Sur les 380 pharmacies restantes, plusieurs sont menacées de banqueroute. Le fait est que de nombreux médicaments pourraient être produits localement pour peu que la molécule mère soit disponible, ajoute-t-on de même source. Les malades chroniques atteints de diabète, d'hypertension artérielle, de cardiopathie, de cancer et d'insuffisance rénale pâtissent particulièrement de cet état de fait. Est-il utile de rappeler que le président du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) a déjà tiré la sonnette d'alarme en annonçant la faillite de plus de 1 000 pharmacies à l'échelle nationale ? Selon lui, la liste des molécules manquantes sur le marché concerne en premier lieu “les corticoïdes, les antibiotiques injectables, les hormones injectables ou orales, les médicaments destinés aux personnes qui souffrent d'arthrite ou d'angine à répétition". Il faut aussi tenir compte du diktat exercé par certains grossisstes et importateurs sur la chaîne de distribution des médicaments. Les pratiques de vente concomitante, les quotas imposés et le phénomène de contrebande ajoutent à cette situation difficile. Ainsi, jamais la situation du secteur des médicaments n'aura été aussi ambiguë à Oran. Une situation corroborée par les déclarations des syndicats et des associations de malades qui n'hésitent pas à pointer le doigt vers la tutelle. Pourtant, la facture de l'Algérie en produits pharmaceutiques importés a maintenu sa tendance haussière durant les neuf premiers mois 2012, pour atteindre 1,67 milliard de dollars, contre 1,32 milliard de dollars à la même période 2011, en hausse de 26,84%, selon les Douanes algériennes. Les quantités de médicaments importés ont également connu une “forte hausse" de 54,7%, passant de 16 730 t les 9 premiers mois de 2011, à 25 884 t à la même période de référence 2012, selon le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) des douanes. L'objectif visé par l'Algérie, qui est de produire localement 70% de ses besoins en médicaments avec l'aide des laboratoires étrangers d'ici à la fin 2014, est-il réalisable ? Des médecins du Chuo déclarent sous le couvert de l'anonymat que toutes les spécialités et services sont perturbés par des ruptures de stocks répétitives de médicaments : “Lorsque nous sollicitons quotidiennement la pharmacie, on nous répond invariablement qu'il y a rupture de stock. Il serait plus simple de donner la liste des molécules disponibles." Selon un médecin généraliste, le programme national de lutte contre la tuberculose risque d'être compromis face à la rareté du vaccin, tout comme ceux contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche, du fait de la pénurie du Tetra-Hib. “Ce vaccin, qui constitue la colonne vertébrale de tous les autres vaccins, reste indisponible", a-t-il déclaré. K. R-I