Pour cet expert, le responsable de l'exécutif au niveau de la wilaya interfère dans la gestion des communes, souvent par incompétence des élus qui ignorent les lois. C'est au Forum d'El Moudjahid que l'expert international Malek Serrai a présenté “un guide" du maire. Il a reconnu que les walis “manipulent les élus locaux" sur plusieurs dossiers, avant d'ajouter que, par manque de connaissance des textes de loi et des prérogatives de tout un chacun, “les injonctions des walis dans les affaires des APC sont légion". Il ajoutera qu'une guerre de leadership oppose l'administration aux élus locaux. “L'administration encourage la médiocrité en fermant la route devant les compétences quand elles sont élues et bloque des projets avec notamment les lenteurs bureaucratiques", a-t-il dit. Mais, il soulignera, par ailleurs, que “le manque de compétences pousse l'administration à interférer dans les affaires de la commune". Après un long exposé sur les potentialités qui devaient être “injectées" dans les assemblées élues, M. Serrai informera que “1 650 élus sont poursuivis en justice" pour malversations. Il expliquera que cet état de fait est imputable au manque de formation chez 50% des maires. “50% des maires élus durant le mandat 2007-2012 n'ont pas le niveau universitaire", a-t-il indiqué, en précisant que la quasi-majorité des élus “ne connaît pas la loi régissant les marchés, la gestion des deniers publics..." À Alger seulement, “20 maires sont poursuivis pour mauvaise gestion des affaires de la commune", a-t-il encore informé. Sur ce, il explique que l'administration “doit laisser libre cours aux élus pour qu'ils puissent assumer leurs responsabilités". Pour arriver à une meilleure gestion, M. Serrai préconise l'introduction de spécialistes dans les listes de candidatures. Selon lui, les communes ont besoin d'économistes, de juristes, de paysagistes, de comptables, d'informaticiens... “pour assurer un bon fonctionnement et une meilleure gestion des affaires communales". Sur ce point, il en appelle aux partis politiques “de s'ouvrir aux compétences, notamment les jeunes". À propos du manque de prérogatives des élus, l'invité d'El Moudjahid reconnaît que les changements apportés au code communal “sont pour beaucoup dans cette situation", contre laquelle il préconise “une révision de ce même code", car “le manque de prérogatives des élus est une erreur de la loi". Sur un autre plan, le conférencier a souligné que “la fiscalité communale doit revenir aux communes". Il citera comme exemple des usines installées dans des communes à l'intérieur du pays, tandis que “les directions sont à Alger", et donc “les impôts sont versés à Alger". M M