Le 18e congrès du Parti communiste chinois a désigné, dans un contexte social tendu, le nouvel homme fort du pays, Xi Jinping, en premier lieu son secrétaire général, qui sera en même temps le prochain président de la République. La désignation du chef de l'Etat est constitutionnellement du ressort de l'Assemblée nationale populaire, mais ce n'est qu'une formalité, le pouvoir étant entre les mains du secrétariat du PCC composé de sept membres pour 80 millions d'adhérents. Bien que la vie du PCC soit entourée d'une grande opacité, on sait que le congrès a donné lieu à des passes d'armes entre plusieurs lignes politiques et plusieurs clans. Le clivage au sein de l'organe suprême de la Chine est celui qui oppose réformateurs et tenants d'une ligne dure inflexible quant à tout bouleversement dans le système. Dans la tradition de consensus qui est celle de la Chine, la synthèse qui est sorti des travaux du congrès a une connotation centriste en apparence. C'est-à-dire que même si la nouvelle équipe dirigeante a pour ambition de changer les choses, elle ne disposera pas de toutes les marges de manœuvre pour infléchir ce consensus dans un sens ou dans un autre. L'évolution de la gouvernance de la Chine pour les cinq à dix ans à venir ne peut relever a priori que du domaine de la conjecture. Cependant, tous les sinophiles s'accordent à penser que le système communisto-capitaliste chinois est en passe d'atteindre ses limites et que les nouvelles générations ne se laisseront pas facilement conter par ce mix entre libéralisme économique et carcan maoïste en ce qui concerne la gouvernance et les libertés. Le nouveau secrétaire général du parti et président de la République dès le printemps 2013, Xi Jinping, est, comme tous les dirigeants chinois, relativement peu connu du grand public. C'est la marque des partis uniques et des régimes autocrates. En Chine, comme chez nous, les remplacements de chefferies se font en coulisse. En outre, dans ces pays, les décideurs laissent le temps au temps. Pour dire que Xi Jinping doit d'abord asseoir son autorité, cela va certainement s'étaler sur plusieurs années. Pour la conquête du monde, il n'aura pas à se casser la tête, l'empire du milieu poursuivra sa marche pour détrôner les Etats-Unis, même avec le profil bas que lui impose la crise économique mondiale, c'est une question de deux à trois décennies. Le nouvel homme fort de la Chine a été choisi par ses pairs du PCC pour son pédigrée. Il a passé sept ans au fond du Shaanxi comme simple paysan et dans des conditions matérielles très difficiles, il est donc proche du peuple, mais on ne pas dit à Pékin que sa famille a été victime de la révolution culturelle bien que son père fut un compagnon de Mao ! Xi Jinping est “un prince rouge", fils de la famille révolutionnaire qui tient en main le pays. Ce n'est pas un illettré pour autant. Rentré à Pékin, il étudie dans la meilleure université du pays et en en sort doublement docteur en physique et en sciences politiques. Ensuite, il fait une brillante carrière administrative et politique, la voie royale pour les enfants des proches de Mao. Il occupe des postes de haut fonctionnaire dans le Shaanxi, le Hobei, mais aussi le Fujian en face de Taïwan, dont il va attirer les capitaux et, enfin, bâton de maréchal, responsable du PC pour Shanghai, capitale économique et plus grande ville de Chine. Entre temps, il avait aussi travaillé à la commission militaire du parti, avait été directeur de l'école du PC et préparé les JO de Pékin. Tout y est donc chez Xi Ping : l'orthodoxie du parti, l'appareil militaire, l'appareil d'Etat, la connaissance de Pékin, de Shanghai, des provinces intérieures, de l'université et du monde paysan. Pour couronner ce parcours de vie rectiligne, Xi Jinping a la réputation d'être honnête. Il aurait hardiment lutté contre la corruption, ce fléau dont son prédécesseur a ouvert les travaux du congrès en avertissant que s'il n'était pas combattu et maîtrisé, ce sera la ruine du système chinois. Que va faire Xi Jinping contre ce phénomène ? Des mesures spectaculaires où la continuité sera de mise, avec des ajustements de temps à autre ? Pour le moment, on se contente de ses descriptions tout à la fois comme un homme froid et calculateur mais très ouvert d'esprit. D. B