Résumé : Selon mon médecin, je ne devais accoucher que dans deux semaines. Hélas ! Ce n'était pas le cas. Le travail se déclencha un soir sans crier gare. J'étais pliée en deux par la douleur, une douleur que je n'arriverais jamais à décrire. Youcef me conduisit à la clinique. Après consultation, on m'informa qu'une césarienne était nécessaire ! Je n'en revenais pas. Quelques jours auparavant, mon gynécologue m'assurait que tout allait bien. -Cela arrive, me dit le médecin, les surprises de dernière minute sont légion chez toutes les femmes sur le point d'accoucher. Dans votre cas, on pouvait espérer que le bébé face une balance et reprenne une position normale, mais vu son poids, je ne pense pas. Nous n'allons pas non plus essayer le forceps, car cela pourra nous prendre un temps précieux, et comporte de grands risques. Enfin la solution la plus sûre et celle qui comporte le moins de risques, c'est la césarienne. Une césarienne ! Le mot résonna un moment dans mes oreilles. Youcef s'approcha de moi et me prit la main : -Voyons ma chérie, il n'y a rien à craindre. De nos jours, cette opération est des plus courantes. Je regarde tour à tour mon mari et le médecin. Puis reprenant mes esprits, j'émerge de ma torpeur : -Vous voulez dire que je ne pourrais pas prétendre à un accouchement normal ? Je ne pourrais pas entendre le premier cri de mon bébé ? Le médecin garde le silence quelques secondes avant de lancer : -Je vous comprends fort bien. Comme toutes les jeunes mamans, vous voulez sentir votre bébé contre vous dès la première seconde de sa naissance, mais hélas, il y a des circonstances fort complexes qui nous obligent à prendre d'autres initiatives. Je vous promets néanmoins de vous remettre votre bébé dès que vous serez en état de le prendre dans vos bras. La césarienne ne prend pas beaucoup de temps. Vous vous réveillerez quelques heures plus tard, en ayant l'impression d'avoir dormi d'un sommeil profond. -Et mon bébé, mon bébé, docteur, que ressentira-t-il ? -Absolument rien, il poussera comme tous les bébés le premier cri de sa délivrance. Une puéricultrice le prendra ensuite en charge pour lui prodiguer les premiers soins. Une puéricultrice ? Mon enfant sera remis à une personne étrangère tel un orphelin, c'est une autre femme qui le prendra dans ses bras pour l'habiller et le nourrir ! Je sentis les larmes ruisseler sur mon visage. Youcef intervint encore : -Allons, allons, tu ne seras ni la première ni la dernière femme à accoucher par césarienne. Je hoche la tête : -Oui, oui, je le conçois. Je voulais seulement qu'on comprenne que ce bébé, je l'ai attendu. Je voulais tant... Les larmes me nouèrent la gorge et je ne pus terminer ma phrase. Youcef attendit que la crise passe puis fit signe au médecin : -N'écoutez que votre conscience docteur. Préparez-la à cette opération. Si nous attendons qu'elle cesse ses jérémiades nous risquerons d'y passer la nuit. -Bien, alors comme le travail vient de commencer, je pense qu'on pourra opérer aux premières heures de la matinée. Les premières heures de la matinée ! Mais quelle heure était-il donc ? Je jette un coup d'œil à la montre bracelet de mon mari : minuit trente ! Le médecin s'en va, et Youcef demeure à mon chevet. Il passe la main dans mes cheveux et me caresse la joue : - Allons, sois courageuse. - Je suis courageuse Youcef. Je l'ai été durant neuf mois. Et maintenant... Youcef me tint contre lui : -Ce n'est rien ma chérie. Je vais rester avec toi, hein ? Le fait de savoir que je suis là ne te confère-t-il pas une certaine sérénité, une certaine confiance ? Je hoche la tête : -Youcef, tu... resteras jusqu'à la fin de l'opération n'est-ce-pas ? -Non, je resterai jusqu'à ton réveil. -Tu verras le bébé avant moi. Il sourit : -Cela va de soi, je suis son géniteur. Oh ! du calme, j'ai dis ça pour plaisanter. Bien sûr que je verrai le bébé lorsqu'on le sortira du bloc, et je veillerai à ce qu'il soit bien traité, je te le promets. Je lui dirais que tu étais désolée, mais qu'un malentendu de dernière minute a retardé votre rendez-vous. Cela te va ? (À suivre) Y. H