Résumé : Ma grossesse avançait et l'accouchement approchait. J'avais peur et comme toutes les femmes inexpérimentées dans ce domaine, je posais des questions à celles qui étaient passées par là. Leurs réponses n'étaient pas pour me rassurer. Youcef me sermonna mais lui-même était inquiet. Il se met à rire : - Si c'est tout ce qui te préoccupe, je vais dès ce soir accrocher une note à l'entrée, afin de ne pas oublier ce détail. Je te le promets. Je mets ma main sur ses lèvres et il se met à m'embrasser les doigts : - Youcef, j'ai peur. - Tu ne devrais pas, voyons tu as si bien mené ta grossesse, et il n'y a plus rien d'inquiétant de nos jours à mettre un enfant au monde. Des milliers des femmes donnent toutes les secondes la vie sans problème aucun et... - Et des dizaines de femmes y laissent leur vie. Youcef se tût. Je l'avais interrompu par une vérité qui n'était pas à nier. Il me serre contre lui avant de me regarder dans les yeux et de lancer : - Le moment venu, je serai avec toi. Nous serions deux à combiner nos forces morales pour aider notre enfant à faire son entrée dans le monde. Je demeurais contre lui, en tentant de puiser un peu de réconfort dans ses caresses et sa force physique. Je sentais ses muscles me lier à lui et son cœur battre contre le mien. Un nouveau courage pénètre mon âme. Je me disais que si toutes les femmes refusaient de tomber enceintes par appréhension, le monde serait dépeuplé depuis la préhistoire. Nos mères et nos grands-mères avaient subi cette expérience sans broncher. Elles étaient plus courageuses et plus aptes à affronter leur destinée. Elles avaient “collectionné" les grossesses et les accouchements, avec abnégation, et sans aucune crainte. Youcef me murmure à l'oreille : - Tout se passera bien, ne t'inquiète pas. Je calculais hâtivement, il me restait encore une semaine ou deux avant le grand saut, un temps que je vais employer à réunir le trousseau du bébé et à me préparer psychologiquement. Nous étions en train de dîner. Youcef avait tenu à préparer lui-même un plat qu'il affectionnait particulièrement, les lasagnes. Je n'avais pas très faim. Mais ne voulant pas le froisser par un refus, je m'attablais devant mon assiette : - Attends, ne bouge pas, je vais te servir. Je suis certain que tu apprécieras mes lasagnes. Je pris ma fourchette et me mis à manger, alors que mon mari attendait mon avis : -Hum, c'est bon, mais je crois que tu n'as pas mis assez de sel. J'essuyais mes doigts à une serviette, tandis que Youcef goûtait d'un air connaisseur ses lasagnes. - Tu as raison, je crois que j'ai oublié de rajouter du sel à la sauce.Veux-tu me passer la salière, s'il te plaît ? Comme je ne pouvais pas me courber, je me levais pour lui tendre la salière. Une douleur suspendit mon geste, mon dos se déchira en deux, alors qu'un couteau tranchant me traverse le ventre. Je pousse un long cri et retombe sur ma chaise, tandis que mon mari accourt : - Tu ne te sens pas bien ? Je n'arrivais pas à prononcer un mot, mon cœur battait la chamade et une désagréable transpiration inondait mon corps. La douleur s'était estompée, mais je compris que le travail venait de commencer. Je regardais mon mari d'un air apeuré et suppliant : - Je crois que le moment est arrivé. Il tente de me calmer avant de courir dans notre chambre chercher mes affaires : - Tout se passera bien, tout se passera bien. Je le sentais tendu, sa voix était tremblante, il était désemparé. Avec effort, il me sourit : - Il sera bientôt là notre petit bonhomme. Je tentais de lui rendre son sourire, mais une autre douleur, bien plus forte m'obligea à m'agripper à lui. Je haletais : - Youcef, c'est terrible. - Cela ira, ne t'inquiète pas. Détends-toi J'étais sans forces. Youcef déposa mes affaires dans son véhicule, puis revint vers moi. Mes jambes ne me portaient plus. Il dut me soulever dans ses bras pour me déposer sur le siège arrière. Je me laisse aller un moment contre le coussin qu'il avait calé dans mon dos. Après tout, autant en terminer au plus vite. Le médecin s'était trompé, ses calculs n'étaient pas exacts. Je ne devais accoucher que dans une semaine ou deux. Mon cerveau s'arrêta de fonctionner. Je ne savais plus quelle journée on était ni à quelle heure. La nuit était tombée, la ville était illuminée. Youcef conduisait à cent vingt à l'heure. Fort heureusement, il avait actionné les feux de détresse. Je remarquais tout cela machinalement, alors que la douleur reprenait de plus belle. Je mordis mes lèvres jusqu'au sang pour m'empêcher de crier. À la clinique, une équipe me prit tout de suite en charge. On m'allongea dans la salle de consultation, où un médecin vint m'ausculter. À la vue de mon visage cramoisi et des grimaces douloureuses, il m'administra un sédatif. Un sédatif, pourquoi maintenant que j'ai besoin de toutes mes forces ? Je ne tardais pas à le savoir. On me conduisit vers une chambre attenante au bloc opératoire, et le médecin s'entretint un moment avec Youcef, avant de revenir vers moi et de m'expliquer que le bébé se présentait par le siège, et qu'une césarienne était indispensable. (À suivre) Y. H.