Un secteur en quête de transparence et de concurrence loyale Le secteur des travaux publics a réalisé des progrès indéniables au cours de ces dernières années. Réalisation d'une grande partie de l'autoroute Est-Ouest, de la seconde rocade du Centre, de dizaines d'infrastructures de santé et d'enseignement supérieur. Mais ce dynamisme d'une branche boostée par la dépense publique masque de graves dérives. Le bilan du secteur est terni par la corruption qui entache la réalisation de l'autoroute Est-Ouest ainsi que les surcoûts dans les projets reflétés par un montant colossal : 130 milliards de dollars de restes à réaliser prévus dans le plan quinquennal 2010-2014. On évalue en moyenne à 30% le surcoût par projet. Imaginez ce qu'on peut édifier avec une enveloppe de 130 milliards de dollars. Une seconde économie moins dépendante des prix du pétrole, plus compétitive. Trois millions de logements et trois millions d'emplois, soit de quoi régler définitivement la crise du logement et le problème sensible du chômage. Cette situation reflète le peu de progrès réalisés dans le management des projets, en un mot la maîtrise des coûts, des délais et de la qualité des travaux. En l'occurrence, il est anormal qu'on mette 14 mois dans les finitions là où ailleurs on réalise en moins de temps toute une infrastructure grâce aux procédés industrialisés de construction. Un responsable d'entreprise justifie cette défaillance par les interférences des politiques dans les choix techniques. Par ailleurs, jamais la dépendance de l'Algérie à l'égard des entreprises étrangères de réalisation, d'études, de contrôle et de suivi n'a été aussi importante dans les grands projets. À l'exception de Cosider et de quelques entreprises privées, l'Algérie fait face à l'absence de grandes entreprises dans le secteur. Du coup, la réalisation des grands projets est confiée essentiellement à des sociétés étrangères. La tendance semble s'infléchir en partie puisque la réalisation de l'autoroute des Hauts-Plateaux ou de grands barrages a été attribuée à des sociétés nationales. Mais l'incertitude pèse sur leur capacité à réaliser dans les délais les travaux tout en respectant les coûts et les règles de qualité des ouvrages. Pour les projets de moindre envergure, les PME privées, qui réalisent l'essentiel des chantiers, font face à d'énormes difficultés : la rigidité du code des marchés publics, les retards dans les paiements des situations de travaux et les difficultés d'approvisionnement en matériaux de construction. Cette situation profite à des entreprises moins qualifiées mais qui bénéficient d'un coups de pouce de l'administration. Des patrons d'entreprises privées dénoncent sur ce point la corruption qui règne dans l'attribution de certains projets par des donneurs d'ordre publics. Enfin, la réalisation de toutes ces infrastructures pose la question de leur maintenance. Le budget de l'Etat suffira-t-il à couvrir les dépenses liées à l'entretien des ouvrages, la masse salariale du personnel chargé de l'exploitation et la gestion des infrastructures, en évolution constante — du fait d'un développement rapide des réseaux de routes et d'autoroutes, du métro, de tramways, des systèmes hydrauliques, de santé, d'enseignement et autres équipements publics — en cas de retournement du marché pétrolier ? K. R.