L'accession de la Palestine au rang d'Etat observateur à l'ONU est un encouragement à une réconciliation palestinienne, sans laquelle ce succès n'a aucune chance de déboucher sur un Etat à part entière, selon responsables et experts. Après le vote de l'Assemblée générale jeudi soir, la France a appelé, par la voix de son ambassadeur à l'ONU Gérard Araud, “les Palestiniens à bâtir sur ce succès politique pour contribuer aux perspectives de la paix". À cette fin, elle les a encouragés à “continuer à combattre le terrorisme et à tout faire pour mettre un terme aux attaques" contre Israël, mais aussi à progresser “vers une réconciliation interpalestinienne sans laquelle la solution des deux Etats n'est qu'un mirage". Juste avant le vote, Israël avait invoqué la division entre la Cisjordanie, gouvernée par le président de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) et de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, et la bande de Gaza, contrôlée depuis 2007 par le Hamas, pour récuser la demande palestinienne. “Cette résolution ne changera pas le fait que l'Autorité palestinienne n'a aucun contrôle sur Gaza, soit 40% de la population qu'elle affirme représenter", a déclaré l'ambassadeur israélien Ron Prosor. “Président Abbas, vous ne pouvez même pas visiter près de la moitié du territoire de l'Etat que vous affirmez représenter. Ce territoire est contrôlé par le Hamas, reconnu internationalement comme une organisation terroriste", a lancé M. Prosor, rappelant les centaines de roquettes tirées sur Israël lors de la récente confrontation entre armée israélienne et groupes armés de Gaza. Entre le 14 et le 21 novembre, ces hostilités ont coûté la vie à 174 Palestiniens et six Israéliens, en majorité des civils dans les deux camps. Elles ont aussi créé un climat d'union nationale palestinienne. Le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, a ainsi officiellement cautionné lundi la démarche de Mahmoud Abbas à l'ONU, entraînant l'assentiment des dirigeants du mouvement à Gaza. À la veille du vote, Hanane Achraoui, membre du Comité exécutif de l'OLP, a annoncé une prochaine rencontre de l'instance dirigeante provisoire de l'OLP, qui associe le Hamas et le Jihad islamique, non membres de l'Organisation. Cette instance se réunira après le retour de M. Abbas des Etats-Unis, a-t-elle affirmé mercredi, mentionnant également “des mesures concrètes pour réunir les autres comités" formés à la suite de l'accord de réconciliation conclu en 2011 mais resté pour l'essentiel lettre morte. “Tout le monde se rend compte que ces divisions politiques ne peuvent pas continuer à affaiblir la cause palestinienne", a-t-elle assuré. Le numéro deux du Hamas, Moussa Abou Marzouk, a salué “un succès politique appréciable mais qui ne changera rien sur le terrain". “Les Palestiniens doivent unifier leurs forces et s'entendre sur un programme national fondé sur la résistance, et alors, sans nul doute, nous aurons un Etat sur une partie de notre terre, doté de la souveraineté et membre à part entière" de l'ONU, a-t-il estimé. Moukhaïmer Abou Sâada, professeur de science politique à l'université Al-Azhar de Gaza, a souligné que “l'unité nationale serait un grand succès pour les Palestiniens". “Abou Mazen (le surnom de Mahmoud Abbas) a été très conciliant envers le Hamas pendant les hostilités", observait-il dans une interview peu après la conclusion du cessez-le feu. “Par le passé, Abou Mazen disait que tirer des roquettes sur Israël était absurde", a-t-il rappelé, “cette fois, Abou Mazen a critiqué Israël pour avoir infligé des dégâts et tué des Palestiniens, mais il n'a rien dit sur le Hamas ou la résistance". R.I/Agences