Résumé : Lorsque Lynda se libère du poids du secret en se confiant à sa grand-mère, celle-ci s'évanouit. Lynda appelle ses parents. Son père va chercher un médecin qui les rassure vite. Elle va bien. Cependant, il leur conseille de la ménager. Hadja Taos apprend à sa belle-fille ce qui l'a bouleversée. Ourida manque se trouver mal à son tour. Mais elle doit être forte. Et le plus dur est à venir... Il leur est difficile de sourire. Maintenant qu'elles savent. Elles ne sont plus les mêmes. Hadja Taos ne quitte plus sa petite-fille. Elle la sait plus fragile qu'avant. Ce qu'elle a vécu peut la pousser à l'irrémédiable. Elle craint pour sa vie. La nuit, Lynda fait des cauchemars. Même si elle ne les lui raconte pas, la vieille grand-mère devine que chaque soir que Dieu fait, elle revit le viol. Ce n'est pas facile. Chaque minute est un moment de lutte pour oublier. Mais comment oublier quand elle porte encore des traces sur le corps ? Quand chaque minute de sommeil est un retour en enfer ? Lynda, qui n'aime pas le café, s'y est mise, croyant que ce breuvage pourra l'aider à veiller. Elle ne veut pas dormir et être surprise dans son cauchemar. - Il faut garder le sourire, lui dit sa grand-mère. Sinon, ils finiront par se douter de quelque chose. Au lieu de garder la chambre, tu peux rester au salon. Tu pourras regarder la télé. Ces murs ne doivent pas te donner l'envie de détendre ! - Tu veux parler des posters que j'ai enlevés ? répond Lynda qui les a arrachés dans un moment de colère. Les jours heureux et pleins d'insouciance sont loin derrière elle. Les posters de ses chanteurs et acteurs préférés le lui ont rappelé sans cesse. Elle en a eu marre et n'a pas hésité à les réduire en confettis. Plus de musique, plus de lumière autour d'elle. Depuis le soir où elle a été violée, elle a le sentiment que même en s'avançant en plein soleil, tout est obscur autour d'elle. Elle n'est pas sortie une seule fois depuis son retour au village. Ses frères ne la reconnaissent plus. Elle est si silencieuse, si discrète que parfois ils la croient partie. Il faut qu'Ourida leur demande de ne pas faire de bruit pour qu'ils se rendent à l'évidence qu'elle est bel et bien là. - C'est bizarre ; les autres ont encore cours. Pourquoi ne leur demande-t-elle pas de les lui apporter ? - Elles n'étudient pas le journalisme, répond Ourida. Et puis, elle aura tout le temps de rattraper les cours qu'elle a ratés. Elle sera prête pour les examens ! - Oui, je sais qu'elle et la réussite sont amies depuis toujours, dit l'aîné des garçons. Mais si elle continue à s'enfermer, à se couper du monde, elle n'ira pas loin ! - C'est bien pensé mais elle a besoin de repos, dit-elle. Allez, laissez-moi tranquille maintenant ! - Pas avant que tu m'aies dit ce qui lui arrive, insiste l'aîné Tewfik. Elle n'est plus la même. C'est comme si quelque chose s'est brisé en elle, remarque-t-il. Je ne l'ai pas vu sourire et encore moins entendu rire depuis son retour. Il s'est passé quelque chose, n'est-ce pas ? Elle qui adorait nous embêter, s'est faite si petite qu'il faut une loupe pour la trouver ! - Tu exagères, rétorque Ourida qui commence à s'énerver. Elle est seulement malade ! - De quoi, veut-il savoir. - Elle, elle a rompu avec Lyès, lâche-t-elle d'un coup, contrainte à en dire un peu pour avoir la paix. Tewfik fronce les sourcils et s'apprête à lui poser d'autres questions quand elle est sauvée par la sonnette de l'entrée. Ils n'attendent personne. On est en début de soirée. - Quoi ? Toi ici, entend-elle depuis la cuisine. Dire qu'on vient juste de parler de toi ! - Ah oui ! Lynda t'a parlé de moi ? Ourida ne reconnaît pas la voix alors elle décide de voir qui est ce visiteur. Elle fronce les sourcils en voyant Lyès. Elle les précède au salon. Elle prend de ses nouvelles mais elle ne tient pas en place tant elle est troublée par sa visite. Elle ne s'y attendait pas. Tout comme Lynda qui devient livide en apprenant sa présence, à la maison. - Je lui ai dit que tout était fini. Je ne veux pas le voir. Qu'il reparte tout de suite ! - Il est certainement venu pour se réconcilier avec toi, lui dit son frère. Rien que pour ce geste, il doit être pardonné, quoi qu'il ait fait. - Il n'a rien fait, répond la jeune fille. Je ne l'aime plus. Que faut-il que je fasse pour qu'il le comprenne enfin ? - Il veut te parler. Tu devrais l'écouter. Je suis sûr qu'il saura toucher ton cœur, insiste son frère. Accepte de le recevoir. Lynda se sent trop faible pour se quereller. Elle cède et quand deux minutes plus tard, Lyès entre, elle prend conscience de ce qu'elle a perdu. Plus que jamais. Elle en souffre terriblement. Peut-il seulement le savoir ? (À suivre) A. K.