Les deux organes de lutte contre la corruption ont également transmis des dossiers respectivement au chef de l'Etat et au ministre des Finances. Nos gouvernants sont au pied du mur. Jamais l'attente d'un feu vert politique pour avancer dans la lutte contre la corruption et éradiquer le phénomène n'a été aussi forte côté opinion publique et au sein des nombreux patriotes que compte le pays D'autant que des dizaines de dossiers de corruption ont été déposés ces dernières semaines au Palais d'El Mouradia . De manière plus précise, “50 dossiers de corruption et de dilapidation des deniers publics clôturés ont été transmis par la Cour des comptes au président de la République. Ces affaires concernent les marchés publics , la Douane , les Impôts , les banques et les marchés des collectivités locales", a confié une source sûre proche de la Cour des comptes. Par ailleurs, l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption, présidé par Brahim Bouzeboudjène ( ancien chef de cabinet auprès du Chef de gouvernement), sous tutelle de la présidence de la République a également transmis cinq grands dossiers au chef de l'Etat, a indiqué une source proche de cette structure chargée de l'analyse des dossiers de corruption et des déclarations de patrimoine de hauts cadres de l'Etat. Premier dossier pendant depuis plusieurs années : l'exportation de déchets ferreux et non-ferreux vers la France et Israël. Les infractions portent sur de fausses déclarations d'espèce, de valeur et de poids. Le cuivre par exemple déclaré en douane à 1 FF de l'époque a été vendu en France à 12 FF. Les conteneurs de 2 5- 30 tonnes étaient déclarés à 10-15 tonnes. Elles portent également sur le faux et usage de faux , documents administratifs, bancaires et commerciaux et le non-rapatriement de devises. L'objectif de ce trafic à large echelle est d'alimenter illégalement des comptes bancairesoff shore à l'étranger. Ces opérations n'ont pu s'effecuer que grâce à la complicité d'agents douaniers en échange de pots de vin. Le second dossier également pendant porte sur l'importation de matériels electriques et électroniques par le système CKD- SKD créé par la loi des finances 2000 pour créer de l'emploi, favoriser le transfert technologique et la valeur ajoutée locale. Cette disposition va être détournée. On a importé des produits finis et on les a déclarés comme pièces détachées. En clair, le produit fini est taxé à 45% de droit de douane et 21% de TVA, le SKD 25% ( collections, KITS) et les pièces détachées 15%. Il s'agit d'une large opération d'évasion fiscale. Cette fraude à large échelle n'a pu s'effectuer que grâce à la complicité d'agents douaniers qui ont fermé les yeux sur ce flux illégal de conteneurs en échange de fortes sommes d'argent. 1 milliard d'euros transféré illicitement Troisième grand dossier : l'affaire BDL de Tébessa. Elle porte sur des importations fictives déclarées avec de faux documents, grâce à la complicité de banquiers et de transitaires, en vue du transfert illicite de devises vers la Turquie et Dubaï. Le préjudice causé au Trésor public s'élève à 20 000 milliards de centimes, l'équivalent de 2 milliards d'euros dont 1 milliard d'euros transféré illégalement. Quant à l'office central de répression et de lutte contre la corruption présidé par Abdelmalek Sayah dont les missions s'étendent au rôle de la Police judiciaire, il a transmis une synthèse de ces cinq dossiers au ministre des Finances. Des enquêtés menées par cet organe à partir de ces informations sont en cours, selon des sources proches de cette institution. Reste donc les actes. La justice devrait se saisir de ces dossiers pour en déterminer les tenants et aboutissants, identifier les auteurs de ces malversations et de ces dilapidations de deniers publics, dans la sérénité, en toute objectivité. Encore faut-il que le chef de l'Etat donne un coup de pouce. Car ces organes de contrôle ne semblent attendre qu'un signe du premier magistrat du pays pour sortir de leur léthargie. K. R.