3,4 sur 10. 105e place. Quel piètre classement ! Même parmi les pays arabes et africains, on est mal loti. Cependant, depuis le temps que la corruption est devenue notre sport national et avec tout l'argent dont nous disposons, le moment d'en finir avec ce fléau est quand même venu. Aujourd'hui, il va falloir trouver comment glaner quelques points auprès de Transparency International. C'est assurément plus efficace que de mener la guerre aux barons de la tchipa. Ça, par contre, c'est mission impossible ! Ça requiert une volonté politique. Au niveau mondial, on est 105e sur 176 pays inscrits. 21e sur 50 à l'échelle africaine et 10e sur 18 pays arabes. Aucune amélioration notable depuis ces dix dernières années. Avec un tel bulletin, n'importe quel père ou mère, digne de ce nom, ayant le sens de l'honneur, aurait déshérité et chassé de la maison familiale son cancre de rejeton. C'est la h'chouma nationale ! Recalé ! Chaparder, piller, dilapider... c'est moche. C'est d'autant plus moche lorsque ça touche à tous les niveaux de la hiérarchie et à tous les domaines et secteurs de l'économie, de l'industrie et de l'administration publique. Si l'on devait se référer aux recommandations de l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), le bout du tunnel serait très loin à atteindre. Selon, l'AACC, la lutte contre la corruption en Algérie nécessite “plus de démocratie, plus de libertés, moins d'atteintes aux droits de l'homme, le droit à l'accès à l'information gouvernementale pour tous, l'abrogation de la nouvelle loi liberticide sur les associations de janvier 2012, etc.". En matière de lutte contre la corruption, il est impératif aussi de “faire appliquer effectivement la loi du 20 février 2006 et la réviser pour la rendre plus conforme au contenu de la convention des Nations unies contre la corruption, et l'Algérie doit respecter ses engagements en matière de coopération internationale et ne plus s‘opposer à la mise en place de mécanismes de suivi de cette convention". Ce qui est loin d'être le cas actuellement, qui voit toujours notre pays caracoler au rang des cancres de la classe. Pourtant, depuis 1999, le chef de l'Etat insiste toujours dans ses différents discours sur la nécessité de lutter contre le fléau de la corruption. De longues années après, rien de sérieux en matière de lutte n'a été entrepris. En 2004, l'épineux problème de la corruption figurait également en bonne place dans la campagne électorale du président. Même refrain depuis son énième mandat de 2009. Depuis tout ce temps, rien de concret n'est venu perturber les nombreux partisans de la tchipa. Signes de tchipa ! Certes, des milliers d'affaires de corruption ont été traitées par la justice. Mais combien sont-ils à continuer à nous narguer au quotidien, sans que personne vienne les inquiéter ? Combien sont-ils à nous rendre la vie si pénible au quotidien ? On les retrouve à la mairie, à la daïra, à la wilaya, aux douanes, dans les tribunaux, sur les routes, en bleu ou en vert, selon leur corps d'appartenance, à l'hôpital, et même à l'école ! Ils sont partout ! Toutefois, c'est à croire qu'il n'y a que les pauvres citoyens, proies faciles, pour les reconnaître et les trouver sur leur chemin. Ils sont pourtant facilement repérables à leurs ostentatoires signes de richesse ! Comment expliquer qu'un simple fonctionnaire, fût-il bien rémunéré par son institution, puisse construire un R+4 et changer de voiture comme on change de chemise ! Même à raison de 100 000 DA par mois sans manger ni boire, il faudrait plus que des générations entières d'économie pour aboutir à de telles réalisations ! Mathématiquement, en tant que salarié, il est impossible d'accomplir en toute honnêteté le dixième de ce niveau de confort. Et ces énergumènes-là, on les croise tous les jours. Ils agissent au vu et su de tous ! Sinon, nous ne serions quand même pas parmi les derniers de la classe. L'argent n'a pas d'odeur ! C'est peut-être parce que l'argent n'a pas d'odeur qu'on n'a pas senti venir le... coût ?! Mais les contrecoups de la corruption, ils sont bien là. La corruption des fonctionnaires à grande échelle, telle que pratiquée chez nous, est une véritable entrave aux droits les plus élémentaires de la population. Droit à l'alimentation, au logement, à la santé, à l'éducation... Il est de plus en plus difficile, de nos jours, de subvenir à ses besoins vitaux, quand on sait que le salaire minimum est à peine à 18 000 DA. À condition, bien entendu, d'avoir un travail ! Tout comme il est impossible de se loger décemment, sachant que le moindre petit F3 dans une cité-dortoir dépasse le milliard de centimes à son prix réel et le double du smig pour une location mensuelle. Faute de trouver entière satisfaction au sein des structures publiques, l'éducation et la santé coûtent très cher également. Certains enseignants préfèrent prendre “leurs" élèves en cours complémentaires, et certains médecins vous suggèrent un rendez-vous en privé dans une clinique. Quant à l'alimentation... y a qu'à se contenter du pain et du sachet de lait, tant que leurs prix seront encore soutenus par l'Etat. Tous ces dysfonctionnements ont évidemment pour conséquence directe la corruption ! Parce que nous sommes dans un pays où tout se marchande. Il y a réellement non-assistance à population en danger. Et au lieu de s'attaquer au vrai problème, on préfère affamer tout un peuple. C'est plus simple ! Après tout, qu'importe si Transparency International apprécie ou pas. En attendant..., “les chiens aboient et la caravane passe". R. L. [email protected]