“Les deux pays ont d'importants intérêts communs qui les poussent à travailler ensemble pour bâtir un véritable partenariat”, s'est félicité avant-hier le journal du parti au pouvoir en Syrie, Al-Baas. Le chef de l'Etat syrien, Bachar Al-Assad, effectue aujourd'hui une visite de trois jours en Turquie, la première d'un président syrien depuis l'indépendance de la Syrie en 1946. Cette visite sera un test quant à l'amélioration graduelle des rapports syro-turcs, ayant débuté il y a cinq ans. Le président syrien et son homologue turc Ahmet Necdet Sezer auront à discuter des développements au Proche-Orient. Tant à Ankara qu'à Damas, on souhaite “le retour de la sécurité et de la stabilité le plus rapidement possible en Irak”, et on accorde une importance capitale à “la préservation de l'intégrité territoriale de l'Irak et de son indépendance”. La Syrie, la Turquie, mais aussi l'Iran abritent des populations kurdes et partagent, par conséquent, la même inquiétude concernant la création d'un éventuel Etat kurde dans le nord de l'Irak. Le vice-président syrien y a, d'ailleurs, fait allusion le 3 janvier dernier. “Tous les pays arabes, la Turquie et l'Iran sont inquiets de la situation en Irak. Ils sont tous conscients du danger” qui prévaut actuellement dans ce pays et “veulent tous la fin de l'occupation” de l'Irak, a indiqué Abdel Halim Khaddam. Les responsables et les médias syriens ne cessent de souligner “l'importance de la coopération” avec la Turquie, qui est membre de l'Otan et également alliée des Etats-Unis dans la région. Le mois dernier, un accord syro-turc de sécurité visant à “lutter contre la criminalité et le terrorisme” a été conclu, après l'extradition par Damas d'une vingtaine de suspects, recherchés par la Turquie pour leur implication dans des attentats suicide à Istanbul. “Les deux pays ont d'importants intérêts communs qui les poussent à travailler ensemble pour bâtir un véritable partenariat”, s'est félicité avant-hier le journal du parti au pouvoir en Syrie, Al-Baas. Sur le plan économique, deux accords pour la promotion des investissements et sur les impôts seront signés lors de la visite, en prévision d'un accord de libre-échange syro-turc. En 2003, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays s'est élevé à un milliard de dollars. La Syrie et la Turquie étaient passées tout près de la guerre en 1998, à cause du soutien de Damas au chef des rebelles kurdes, Abdullah Ocalan. Les deux pays parlent maintenant de bon voisinage et des “nécessités historico-géographiques”. Pourtant, des points de litige persistent encore : problème du partage équitable des eaux de l'Euphrate, celui de la province d'Iskenderun ou Alexandrette (Hatay), qui a été rattachée à la Turquie en 1939 par la puissance mandataire française. R. I.