En marge de sa visite de travail effectuée avant-hier dans la wilaya de Sétif, Son Excellence Kuldeep Singh Bahrdwaj, ambassadeur de l'Inde en Algérie, nous a accordé cet entretien pour faire le point sur les relations étroites entre Alger et New Delhi ainsi que les perspectives de coopération entre les deux pays. Liberté : Quelle évaluation faites-vous des relations entre l'Algérie et l'Inde ? Kuldeep Singh Bahrdwaj : Comme le savent la plupart des Algériens et des Indiens, les relations entre nos deux pays sont très étroites. Elles ne datent pas d'hier, ni de 1962 non plus. L'amitié entre les deux peuples remonte à 1926, lorsque les deux nationalistes, à savoir Jawaharlal Nehru et Messali El-Hadj, se sont rencontrés à Genève lors d'une conférence internationale des pays colonisés. En 1955, l'Inde a reconnu l'Algérie comme nation et en 1959, le FLN a ouvert une représentation de l'Algérie à New Delhi. Le bureau avait été inauguré à l'époque par Ferhat Abbès. Depuis 1962, l'Algérie et l'Inde luttent ensemble dans le cadre des pays non-alignés ainsi que dans le cadre de la coopération Sud-Sud et des relations entre le Nord et le Sud. Les visites des présidents algérien et indien, dont la dernière visite du président Bouteflika en Inde le 26 janvier 2001, n'ont fait que renforcer ces liens. Il faut aussi rappeler que le président Bouteflika était le premier leader du Maghreb qui a assisté aux festivités et à la grande parade du jour national de l'Inde. Et la place des relations économiques et commerciales ? Nous avons plusieurs projets en cours en Algérie qu'on ne peut citer ici. Des projets de transfert d'électricité haute tension dans plusieurs wilayas dont Sétif, la réalisation de chemin de fer à Relizane dont le coût est estimé à 240 millions de dollars et la réalisation en partenariat avec une société américaine d'un projet de train de liquéfaction de gaz à Skikda. Il y a aussi un partenariat dans le domaine de la production de médicaments, avec le laboratoire algérien Biopharm. Les Indiens ont aussi investi dans la restauration avec l'ouverture de trois enseignes indiennes dont deux à Alger et une à Oran. Quel est le volume des échanges commerciaux entre Alger et New Delhi ? Les échanges entre l'Algérie et l'Inde s'élèvent à plus de 4 milliards de dollars par an. L'Algérie exporte pour 3 milliards de dollars d'hydrocarbures (gaz et pétrole) et de phosphate. Par ailleurs, l'Inde exporte des voitures de marque Marutti, Tata et Mahindra ainsi que la pièce détachée et des pipe-lines (gaz et pétrole). Nous sommes aussi les premiers exportateurs de viandes pour l'Algérie avec 180 millions de dollars en 2012, de produits pharmaceutiques avec 40 millions dollars et des pois chiches avec 30 millions de dollars ainsi que plusieurs équipements et machines. Au niveau mondial, l'Algérie est le neuvième pays en matière d'échanges avec l'Inde. Elle est le premier dans le Maghreb et le Nord de l'Afrique et la deuxième en Afrique, après l'Afrique du Sud. En fait, plusieurs choses ont été faites pour fructifier les relations entre l'Algérie et l'Inde. Mais beaucoup de choses restent à faire pour augmenter le volume des échanges. À cet effet, une rencontre est prévue les 14 et 15 janvier prochain entre une délégation composée de 25 hommes d'affaires indiens et des industriels algériens à Alger. Je tiens à préciser aussi que nous accordons toutes les facilitations pour délivrer le visa business d'une année en un temps record. Et des projets indiens pour Sétif ? C'est la première fois que je visite la wilaya de Sétif. C'est une wilaya qui recèle d'importants atouts en mesure de capter les investisseurs dans le cadre de la coopération. Après avoir visité plusieurs sites touristiques dont l'antique ville romaine de Djemila, j'ai visité le chantier de construction de 2 000 logements (El-Bez) contracté par la société indienne Shapoorji dont les travaux avancent bien (taux de réalisation à 60%) et le parc d'attractions de la ville, le barrage d'El-Maouane. J'ai été reçu par le premier responsable de la wilaya, Zoukh Abdelkader, qui a présenté les potentialités de la wilaya en matière d'investissement ainsi que les possibilités de coopération dans les domaines économique et culturel. J'ai aussi eu l'honneur de rencontrer une délégation représentant la Chambre de commerce El-Hidhab. Qu'en est-il des échanges culturels ? Un accord a été signé depuis quelques années pour fructifier les échanges culturels entre les deux pays. Trois troupes indiennes se sont déplacées en 2011 en Algérie, deux en 2012 et une autre est programmée au mois de janvier 2013. Plusieurs troupes algériennes se sont rendues en Inde dont la dernière est le Ballet national algérien au mois de novembre. Les échanges culturels sont très importants car ils permettent de rapprocher les peuples et non les politiques et les industriels. Les Algériens connaissent bien le cinéma indien.