Une fois n'est pas coutume. Cette fois pour introduire le sujet sur le bilan annuel économique et social 2012, rompons un l'instant avec la sinistrose, en commençant par deux bonnes nouvelles. Le FMI a classé l'Algérie pays le moins endetté des vingt pays du Moyen Orient et Afrique du Nord (MENA) dans son rapport 2012 sur les perspectives économiques de la région MENA. Ce n'est pas rien quand on sait que les productions d'hydrocarbures des pays du Golfe sont autrement plus importantes que la nôtre (4 à 10 fois) et leur population plus modeste pour les uns (Arabie Saoudite) et négligeables pour d'autres (Qatar). Deuxième chiffre encourageant : l'Algérie boucle l'année 2012 en étant dans le top 20 du classement FIFA des nations en foot- ball. Mais c'est tout ; car le reste de nos classements internationaux (corruption, climat des affaires) est médiocre hormis l'indice du développement humain (IDH) pour lequel l'Algérie est positionnée au milieu du tableau (96e sur 187 pays). Tout l'intérêt d'un bilan annuel est de savoir si l'action datée des pouvoirs publics et des partenaires sociaux a été de nature à inverser les tendances négatives mesurées notamment par les classements internationaux ou à l'inverse en a consolidé le trend. Revue de quelques faits saillants D'abord un dernier mot sur la sphère monétaire et financière. Le bon classement en matière de dette extérieure que j'ai donné doit être relativisé par un autre indicateur. Il s'agit de l'augmentation de la dette intérieure qui est passée de 20% du PIB en 2009 à 25,7% en 2010 (source : CIA World fact book du 1er janvier 2011). Il sera intéressant de voir les chiffes de 2011 et 2012 surtout lorsqu'ils seront corrélés à ceux de l'évolution préoccupante de l'inflation en 2012. Affaire à suivre d'autant que la Banque d'Algérie, par la voix de son gouverneur, nous promet le recul de cette dernière en 2013. Dans la sphère réelle, les résultats ont encore été contrastés cette année. Si les secteurs du BTPH et de l'agriculture ont renoué avec une croissance significative, bien qu'encore moyenne, l'industrie reste dans les eaux basses avec moins de 5% de contribution au PIB et moins de 1% de croissance sectorielle annuelle. En comparaison, les taxes sur les importations avaient déjà mieux fait en 2010 avec une contribution au PIB de 6,1%. Quant au secteur des hydrocarbures, bien qu'il maintienne le niveau de sa contribution au financement du développement économique et social, il continue de tirer néanmoins vers le bas la croissance globale du pays. Des actions de redressement pour ces deux secteurs ont été initiées dès le deuxième semestre 2012. Pour le secteur des hydrocarbures, le projet d'amendement de la loi sur les hydrocarbures a été introduit au Parlement. Son objectif est de stimuler l'investissement international qui a pris du retard dans la recherche et la production d'hydrocarbures conventionnels et de mettre en place un cadre plus incitatif pour la production d'hydrocarbures non conventionnels. Le renforcement des capacités techniques de la Sonatrach de l'amont à l'aval et l'établissement d'un climat de confiance et de sérénité dans la prise de risque managériale sont toujours d'actualité. Ces deux derniers conditionnent, de façon significative, la capacité de la Sonatrach a améliorer ses performances techniques et commerciales. Pour le secteur industriel, un début de dynamique a été observé depuis la mise en place du gouvernement Sellal. On peut citer notamment les signatures de contrats de nouvelles installations industrielles dans l'acier (projet algéro-qatari de 5 millions de tonnes à Bellara), la mécanique (tracteurs avec l'américain Ferguson à Constantine), l'industrie automobile (projet avec le Français Renault à Oran) et le ciment avec Lafarge. L'accord intervenu avec l'Union européenne de reporter la date de démantèlement tarifaire prévue en 2017 entre dans ce politique de soutien aux “industries naissantes". Mais le plus important réside dans la démarche de redressement industriel affichée par le nouveau gouvernement. Cette nouvelle démarche “partagée" avec les partenaires sociaux se veut pragmatique et opérationnelle pour reconquérir les parts de marché domestique (substitution aux importations) en stimulant l'appareil productif existant, en remettant en marche les “capacités dormantes" et en améliorant significativement le climat des affaires pour dynamiser l'investissement. On verra s'agiter en 2013 les lobbies de l'importation et leurs relais extérieurs pour contrecarrer la mise en œuvre de cette nouvelle politique industrielle. Mais cette fois ils trouveront une résistance plus grande que celle qui, en 2011, n'avait pas permis d'instaurer la traçabilité des opérations commerciales supérieures à 500 000 DA car un consensus solide se construit entre les partenaires sociaux et les pouvoirs publics. Pour conclure, vous conviendrez avec moi qu'un bilan économique ne peut se faire sans incursion dans le champ politique. Et réciproquement.