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Horizon 2030, l'Afrique du Nord dont l'Algérie, menacé par les effets dévastateurs du changement climatique
Publié dans Réflexion le 16 - 08 - 2012

Le réchauffement climatique, facteur stratégique, qui semble être occulté avec l'actuelle crise économique mondiale peut avoir des conséquences dramatiques avec cette désertification croissante, comme des guerres pour se partager notamment l'eau ressource stratégique de la vie. L'objet de cette brève contribution en prenant comme exemple le Maghreb sous segment de l'Afrique du Nord, exemple qui peut être généralisé pour l'Asie, et d'autres continents, pose la problématique de l'urgence d'intégrations régionales, une synchronisation des politiques publiques et donc une nouvelle gouvernance mondiale et un nouveau modèle de consommation énergétique mondial à terme pour le devenir de l'humanité entière.
1.-Quelle est la situation des économies maghrébines ?
Selon le rapport du FMI de 2009, la non intégration les pays du Maghreb ( moins de 3% des échanges intra magrébins) qui couvre une superficie d'environ cinq millions de km qui dépassera les 90 millions d'habitants fin 2O12, leur fait perdre 2 à 3 points de leur taux de croissance sans compter les effets indirects. A les comparer aux 21 % de l'Asean, aux 19 % du Mercosur et aux 10,7 % de la Cedeao dont le PIB est plus élevé. Selon les rapports du FMI, seulement 0,7 % des exportations algériennes sont destinées à ses voisins maghrébins, alors que 0,8 % de ses importations en sont originaires. De même, le Maroc n'importe que 1,4 % depuis l'Algérie et la Tunisie et ne leur expédie que 1 % de ses exportations. Il en est ainsi pour la Tunisie dont les importations, issues des voisins maghrébins, sont estimées à 1,1 %, alors que les exportations qui y sont destinées sont de 1,9 %. Ainsi le Maghreb du fait de la non intégration a un poids insignifiant au sein tant de la région méditerranéenne qu'au sein de l'économie mondiale. Le produit intérieur brut de l'ensemble des pays du Maghreb a été évalué en 2011 par le FMI à 409,445 milliards de dollars en 2011 contre 387,712 milliards de dollars US en 2010. Ce PIB global est artificiellement gonflé par la Libye et l'Algérie du fait du poids des hydrocarbures et les phosphates pour le Maroc. Ainsi le PIB du Maghreb représente en 2011 0,57% du PIB mondial, 2,40% du PIB de la communauté économique européenne et 2,72% du PIB américain étant légèrement supérieur au PIB de la Grèce qui connait une très gave crise d'endettement pour environ 12 millions d'habitants. Comparé à la population et au PIB allemand (3.328 milliards de dollars pour 82 millions d'habitants) et français (2.808 milliards de dollars pour 65 millions d'habitants), on mesure l'important écart. Le PIB maghrébin doit être multiplié par cinq horizon 2020 (environ 2000 milliards de dollars à prix constants 2012) au minimum si l'on veut éviter des tensions sociales de plus en plus vives au niveau de l'espace Maghreb.

En effet, ce faible taux de croissance a des répercussions sur le niveau du chômage souvent surestimé par les données officielles. Ainsi, le taux de chômage au Maghreb est supérieur à 50% tenant compte des emplois précaires et en soustrayant la sphère informelle marchande, existant une sphère informelle productive mais marginale. La sphère informelle est dominante au Maghreb occupant plus de 50% de la superficie économique. Une place énorme au Maghreb comparée aux autres pays où ce secteur ne dépasse pas les 20 % et un manque à gagner considérable pour l'Etat alors qu'elle représente dans des sociétés organisées comme la Suisse (8% de l'économie globale), le Canada (15%) ou encore la Norvège (20%) ; l'Italie, pays de la « combinazione », affiche quant à elle avant son intégration à l'union européenne ou ce taux dépassait 50%, un taux de 27%. Et bien que jouant comme facteur de tampon social, et constituée de jeunes entrepreneurs dynamiques qu'il s'agit d'intégrer d'une manière intelligente, sur le moyen terme la dynamisation de l'intégration maghrébine passe par l'intégration de la sphère informelle et la création d'entreprises dynamiques dans la sphère réelles s‘insérant dans le cadre des valeurs internationales. Les mesures administratives autoritaires, une fiscalité non adaptée poussent vers cette sphère ceux opérant dans la sphère réelle, peu initiés au management stratégique, à dominance familiales et ignorant les mutations internationales. La sphère informelle est le produit des dysfonctionnements des appareils de l'Etat et du poids de la bureaucratie. Lorsque un Etat par des actions autoritaires émets des lois qui ne correspondent pas à l'état de la société, celle-ci enfante ses propres lois qui lui permettent de fonctionner, sphère qui ouvre la voie à l'Etat de non droit et à et la corruption par la domination du cash alors que l'économie moderne repose sur deux postulats le contrat et le crédit.

2.- Une situation alarmante de l'Afrique du Nord
Je rappelle qu'existe déjà un intéressant rapport sur le scénario d'un brusque changement de climat et ses implications pour la sécurité nationale des Etats-Unis publié en Octobre 2003 sous la direction des professeurs Par Peter Schwartz et Doug Randall , rapport commandé parle Ministère de la Défense des Etats-Unis, rapport calqué sur l'événement qui s'est produit il y a 8200 ans et qui a duré 100 ans. Ce scénario de brusque changement est caractérisé par les conditions suivantes :

-Une baisse annuelle de la température moyenne de 2,75°C au-dessus de l'Asie et de l'Amérique du Nord et de 3,3°C en Europe.- Une hausse annuelle de la température moyenne de 2,2°C dans toute l'Australie, l'Amérique du Sud et le sud de l'Afrique ; des sécheresses persistantes tout au long de la décennie dans des régions agricoles vitales et dans les régions réservoirs d'eau pour les principaux bassins de population en Europe et dans la partie est de l'Amérique du Nord et les tempêtes de neige et les vents allant en s'intensifiant, amplifiant les impacts des changements. L'Europe de l'Ouest et le Pacifique Nord connaissent des vents renforcés.

Le rapport étudie comment le scénario d'un changement climatique aussi brusque pourrait potentiellement déstabiliser la situation géopolitique, entraînant des incidents, des combats et même des guerres dus au manque de ressources telles que un manque de nourriture dû à une baisse de la production agricole mondiale, une baisse de la disponibilité et de la quantité d'eau potable dans des régions clés, due au déplacement des précipitations, entraînant des sécheresses et des inondations plus fréquentes et une perturbation dans l'accès aux ressources énergétiques, due à l'étendue des glaces dans la mer et aux tempêtes.

Ai si selon cette étude, au fur et à mesure que la capacité de subvenir aux besoins se réduit au niveau local et global, les tensions pourraient augmenter partout à travers le monde, conduisant à deux stratégies fondamentales : la défensive et l'offensive. Les nations ayant les moyens nécessaires de le faire pourraient de fait construire des forteresses autour de leur pays, conservant ainsi leurs ressources pour elles-mêmes. Les nations moins fortunées, surtout celles ayant connu d'anciennes querelles avec leurs voisins, pourraient déclencher des conflits pour l'accès à la nourriture, à l'eau potable et à l'énergie. Cela rejoint les prévisions effectuées en 2007 par le Groupe International sur le Changement Climatique (IPCC) indiquent une hausse de la température de l'ordre de 2°C dans les 15 à 20 prochaines années, et jusqu'à 4 à 6,5°C à la fin du 21e siècle. Même si les émissions de gaz à effets de serre (GES) sont limitées dans les pays MENA par rapport aux pays développés, ces pays figurent parmi les plus gros producteurs de pétrole qui rejettent du CO2. Par ailleurs, l'augmentation de la température moyenne devrait s'accompagner d'une baisse d'au moins 20% des précipitations dans les pays MENA. Selon la banque mondiale, (web.worldbank.org -d'octobre 2008) (l'Afrique du Nord est la 2ème zone la plus vulnérable aux aléas climatiques. Sur les 276 désastres naturels recensés depuis vingt ans, 120 ont eu lieu pendant les cinq derrières années. Par ailleurs, le réchauffement climatique dans les pays arabes est d'environ 50 % supérieur à la moyenne mondiale. Un grand nombre des plus grandes villes de la région sont situées sur les côtes et sont exposées à la fois à l'élévation du niveau de la mer et à l'augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes, en particulier à Bahreïn, en Egypte, au Koweït, au Maroc, au Qatar, en Tunisie et aux Emirats arabes unis. Selon une étude publiée par le Centre national américain de recherches atmosphériques (NCAR), les régions du pourtour méditerranéen risquent de connaître une sécheresse «presque sans précédent» au cours des trente prochaines années, si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites, la quantité moyenne d'eau disponible au Moyen-Orient et en Afrique du Nord étant la plus faible au monde avec environ 1 200 m3 par an et par habitant, contre une moyenne mondiale de 7 700 m3.

Pour le Maghreb, les ressources hydriques sont vulnérables aux variations climatiques. L'eau et sa gestion sont des problèmes conditionnant son avenir, le changement climatique pourrait placer ces pays dans des situations inconfortables puisque le volume maximal d'eau mobilisable serait déficitaire d'ici 2020.Le processus de changement climatique se traduira par une remontée des zones arides et désertiques notamment dans la région du Maghreb. Des études prévoient une baisse des rendements agricoles au Maghreb du fait de l'accélération de la dégradation des sols et de la perte de terres productives. L'Algérie anticipe des réductions substantielles Le changement climatique touchera également la production des légumes dont les rendements diminueraient de 10 à 30 % à et une baisse de rendement du blé à prés de 40%. Le changement climatique pourrait entraîner aussi une véritable crise migratoire. Dans le cas du Maghreb, les sécheresses des 20 dernières années corroborent cet aspect : peu d'actions capables de limiter les risques ont été mises en place par les agriculteurs et les impacts ont été considérables . Dans une étude datant du 25 juin 2012 de FEMISE ( réseau euro méditerranéen) intitulée, « le coût économique du changement climatique dans les pays MENA : une évaluation quantitative micro-spatiale et une revue des politiques d'adaptation », les auteurs notent que les impacts pour les pays d'Afrique du Nord et du Proche Orient (MENA) sont une baisse attendue du PIB de l'ordre de 0,4% à 1,3%, cette baisse pouvant même atteindre 14% si aucune mesure de lutte et d'adaptation face au changement climatique n'est adoptée horizon 2020.

Les effets attendus dans ces pays couvrent la diminution des ressources en eau, la dégradation des sols, l'élévation du niveau de la mer et la pénétration des eaux salées dans les terres, etc. De tels impacts sont susceptibles d'affecter les activités économiques, avec des effets importants sur l'agriculture et le tourisme, suite à la baisse significative des rendements agricoles et à la hausse de la salinisation des terres due à l'érosion et à la pollution des sols par le sel. De plus, le changement climatique aura des effets négatifs sur les écosystèmes provoquant ainsi la diminution de la biodiversité qui affectera les espèces individuelles dans les pays MENA. Ainsi, la hausse des températures et la baisse des précipitations attendues risquent d'augmenter la fréquence des sécheresses, ce qui va exposer de 80 à 100 millions de personnes en zones d'insuffisance en eau à l'horizon 2025. De plus, en zone urbaine, une hausse des températures de 1 à 3°C pourrait exposer entre 6 et 25 millions de personnes aux inondations côtières.
En bref, la lutte contre ce fléau lié au réchauffement climatique, avec des enjeux de guerre dont l'eau ressource stratégique de la vie, devant généraliser les unités de dessalement de l'eau de mer pour réduire les couts, développer les énergies renouvelables dont le solaire, implique pour les pays du Maghreb, pour l'Afrique, et ce en relation les pays développés et certains pays émergents les plus pollueurs qui ont une lourde responsabilité, des intégrations régionales avec une coordination sans faille des politiques publiques, loin des agrégats purement monétaires. Une nouvelle gouvernance mondiale et un nouveau modèle de consommation énergétique mondial s'imposent à terme, conditionnant le devenir de l'humanité entière qui s'oriente vers les 10 milliards d'âmes dont les deux tiers concentrés dans la zone Sud, et notamment en Afrique qui concentrera horizon 2040 le quart de la population mondiale.


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