Couper la route, brûler des pneus, lancer des pierres ou encore affronter les forces de l'ordre afin de bénéficier d'un logement décent est devenu, désormais, l'ultime moyen de pression. À Khenchela, la daïra du chef-lieu avait annoncé la distribution prochaine de quelque 3 000 logements. Depuis, toute la ville est sur un volcan. Chaque quartier attend son quota. Ces logements font saliver les habitants des bidonvilles, mais aiguisent aussi l'appétit des occupants du vieux bâti, sans oublier les “opportunistes" qui guettent la moindre liste affichée dans les APC pour y figurer. Mais comme à l'accoutumée, chaque opération d'attribution de logements, est marquée par des emeutes. En effet, après les habitants des cités Decamp, Marito, Charles de Gaulle et Hasnaoui, c'est au tour des habitants de la cité “Route de Aïn El-Beïda" de monter au créneau. Plusieurs dizaines d'entres-eux ont bloqué, avant-hier, la RN qui traverse leur quartier pour réclamer leur droit au relogement dans le cadre de la lutte contre l'habitat précaire. Ils ont brulé des pneus et placé des troncs d'arbres ce qui a bloqué la circulation pendant plusieurs heures. L'intervention des forces de l'ordre pour rouvrir la route n'a fait qu'attiser l'ire des jeunes qui ont pris à partie les agents de l'ordre public. Les éléments de la brigade anti-émeute ont tout de même réussi à repousser les émeutiers à l'intérieur de la cité, évitant ainsi que les projectiles n'atteignent les automobilistes. Selon des sources hospitalières, les échauffourées ont fait quatre blessés parmi les policiers qui ont été évacués en urgence à l'hôpital pour recevoir les soins nécessaires. Par ailleurs, une vingtaine d'emeutiers, dont un mineur, ont été arrétés. Hier, un important dispositif sécuritaire quadrillait toujours les principales artères de la ville afin de parer à toute éventualité. À Constantine, une vingtaine de familles habitant la cité “Chalet des pins" ont bloqué hier la RN 27, causant un embouteillage dès les premières heures de la matinée. En colère, les manifestants réclament la révision de l'opération du relogement prévue prochainement et estiment être prioritaires, vu leur situation précaire. Par ailleurs, prés de 500 familles habitant la cité Djabala (Oued El- Had) ont bloqué la route, dans la soirée du lundi, pour réclamer eux aussi leur relogement. “Les responsables de la SAU ont refusé de nous recevoir", a indiqué un citoyen. Tout en ajoutant que plusieurs opérations de relogement ont été effectuées, à titre d'exemple celle des habitants de Fedj Rih, alors qu'ils sont prioritaires puisqu'ils sont menacés par la montée des eaux de l'oued, en cas d'intempéries. Notons que ces habitants ont déjà protesté pour les même raisons, l'année écoulée, où la protestation avait dégénéré en émeutes. Dans la wilaya de Skikda, le relogement de 200 familles, dimanche dernier, dans le cadre de l'éradication de l'habitat précaire, à Tamalous, n'a pas manqué de provoquer la colère d'une partie de la population qui couvait déjà depuis quelques jours. Aussi, le lendemain (lundi), les protestataires ont bloqué la RN85, reliant Collo à Constantine, au lieudit Toussen. Par ailleurs, il faut souligner que l'opération de dimanche a concerné les bidonvilles de Mouloud Balaska, Abdellah Rahouedj, Le Bataillon et El Kalitous. Comme ce fut lors des précédentes opérations de ce genre, de grands moyens des services de l'OPGI et de la commune ont été mobilisés pour effectuer les déménagements de ces heureuses familles. Une fois n'est pas coutume, les programmes destinés à la résorption de l'habitat précaire connaissent une bonne cadence de réalisation contrairement aux années précédentes. M. Z./S. B./A. B.