“L'Algérie pays aux mille contrastes !”. Quand vers la fin des années 60, cette formule simple fut consacrée par les premiers dépliants touristiques, on fut tout de suite amené à conclure que c'était là une formule magique, qui allait frapper les imaginations de l'autre côté de la Méditerranée. Et on attendit les touristes. 40 ans après on attend toujours. Les touristes ne sont pas venus. Pis, l'Algérie au fil des années, est devenue un pays émetteur de touristes. Des agences de voyages qui pullulent sur la place d'Alger — il existerait plus de 200 agences —attirées par, nous dit-on, le gain facile, proposent aux Algériens, du moins ceux qui ont les moyens, plusieurs destinations : Tunisie, Egypte, Maroc, Turquie, Malte… Mais rares sont les agences qui proposent la destination Algérie. “Les placards publicitaires ventant les charmes d'ailleurs sont assez significatifs de l'indigence de nos esprits, de la faiblesse de nos idées et de la recherche de la facilité dans l'action et l'entreprise”, pour paraphraser un grand professionnel du tourisme, le défunt Mohamed Idir, de Soummam-Tours. Les professionnels du tourisme, tirent la sonnette d'alarme. “Le tourisme émetteur est un mauvais signe” , affirme le responsable de la direction du tourisme d'Alger. Ce démembrement du ministère du Tourisme semble vouloir redonner vie à l'activité touristique au niveau de la capitale. Mardi passé, une visite au profit de certaines agences de voyages, a été organisée au musée du Bardo et à l'hôtel Sidi Noui (Cheraga) ouvert récemment. D'autres visites des sites culturels et touristiques sont programmées avec la mise à contribution d'un nombre plus élevé d'agences touristiques dans la wilaya d'Alger. Ces “éductours” permettront aux responsables des agences de voyages de mieux connaître le monde des musées et de l'aider à faire sa mue, pour que le produit culturel soit consommé et vendu. Ces visites serviront à la préparation de cette journée d'étude, qui regroupera les responsables des musées au niveau de l'Algérois, les gestionnaires du monde de la culture d'une part et les responsables d'agences de voyages d'autre part. Objectif : créer des synergies pour que le produit culturel soit consommé et vendu. En fait, l'arrière-pensée que sous-entend cette initiative est de permettre aux différents intervenants dans ce secteur de poser la problématique de la redynamisation du tourisme, notamment culturel, au niveau d'Alger. Cela sous-entend un état des lieux, sans complaisance. Cette journée pourrait intervenir dans le sillage de la 6e édition du Salon international du tourisme et des voyages (SITEV 2004) prévu début mars. Mardi dernier, la confrontation entre, d'une part, les agences de voyages et les responsables des structures culturelles d'autre part, n'a pas vraiment eu lieu. Les responsables d' agences de voyages ont préféré plutôt se confier à la presse. “Nous ne sommes pas concurrentiels, on est trop cher par rapport au prix qu'offrent les pays voisins”, affirment-ils. Pour preuve, expliquent-ils, cela revient moins cher à l'Algérien de passer une semaine en Tunisie, qu'un week-end au Sud. Tout le monde s'accorde à dire que le tourisme est d'abord et avant tout une culture. Une culture que les pouvoirs publics se doivent de hisser au rang d'industrie touristique. Et pour les professionnels du tourisme, la volonté politique n'existe que dans le discours. Sur le terrain, les responsables des agences font état de plusieurs obstacles qui les empêchent " de jouer leur rôle ". Ils parlent de la bureaucratie dans l'octroi d'autorisations pour les excursions, d'absence de vols charters, de manque d'infrastructures hôtelières “potables". Selon certaines sources, sur les 20 000 lits que compte Alger, il est difficile “de trouver 6 000 lits qui répondent aux normes”. Même les infrastructures touristiques sont dégradées. Le Musée du Bardo en est la parfaite illustration. Ce joyau architectural, très riche en pièces archéologiques, nécessite une rénovation sérieuse. Les pouvoirs publics sont doublement interpellés. R. M.