Les différents acteurs impliqués dans “le jugement de Belkhadem" ont donné la parole à des “militants" venus de plusieurs wilayas du pays et considérés comme “des témoins" des dérives de l'actuel secrétaire général du FLN. “Un tribunal populaire" a été institué, hier à l'encontre du secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) Abdelaziz Belkhadem. Ce sont les animateurs du mouvement dit de redressement qui ont été à l'origine de cette initiative “symbolique", disent-ils, afin de permettre aux militants d'avoir une tribune “pour condamner ses dérives et violations des statuts et règlement interne au parti". Organisé au siège de ce mouvement à Draria (Alger), en présence de membres du comité central (CC) et des membres de la direction (Mohamed-Seghir Kara, Abdelkrim Abada, El-Hadi Khaldi, Rachid Boukerzaza), ce tribunal constitué de six magistrats, d'un procureur de la République et d'une partie civile a donné lieu à un procès en règle contre Belkhadem. Les différents acteurs impliqués dans “le jugement de Belkhadem" ont donné la parole à des “militants" venus de plusieurs wilayas du pays et considérés comme “des témoins" des dérives de l'actuel secrétaire général du FLN. “Belkhadem a accueilli l'ensemble de nos initiatives avec violence", a lancé un des “témoins" expliquant qu'“il a refusé de nous écouter et nous a fermé la porte au nez quelles que soient nos doléances". “Belkhadem a même falsifié les résultats de la prétendue session du 15 juin 2012 à Sidi-Fredj et a muselé la contestation pacifique que nous avons menée", a-t-il relevé. Un autre témoin a accusé Belkhadem de recruter des “baltaguiya contre les militants du parti". Plus précis, le militant “témoin" a précisé que “Belkhadem a recruté des personnes étrangères au FLN lors de la conférence nationale qu'a organisée le mouvement de redressement le 13 octobre 2011. Mais pas seulement. Le SG du FLN a même utilisé les membres de sa famille pour diriger le parti". Cette déclaration a été d'ailleurs reprise dans la motion de condamnation lue et adoptée à l'issue de la séance du “procès". D'autres intervenants ont fait état de dérives “idéologiques, éthique, politique, statutaires et financières qui ont conduit le FLN à se disperser, à se diviser, à entrer dans une crise et à échouer dans la conduite des réformes du président de la République". Cet échec a été attribué, selon les propos des militants “témoins", à “l'absence de démocratie au sein du parti, au musellement des militants, à l'absence de liberté d'expression et au refus de débat et de dialogue au sein du parti". D'autres militants reprochent à Belkhadem d'avoir “trahi la confiance dans plusieurs domaines y compris dans la préparation des élections législatives et locales". Les militants qui se sont succédé en nombre, hier, pour dénoncer et condamner le premier responsable du parti, n'ont pas aussi hésité à faire part de la propension de Belkhadem “à prendre unilatéralement des décisions intéressant le parti". Il en a été ainsi à titre d'exemple à l'occasion de la préparation du 9e congrès du FLN qui a été, disent-ils, “une messe organisée en dehors des statuts du parti et sous des slogans importés". De même que des accusations de corruption ont été évoquées par plusieurs militants en des termes incisifs. “La corruption s'est ancrée dans le parti et s'est répercutée sur les assemblées locales élues et nationale", ont-il relevé. “Belkhadem a institué son administration sur la base de la soumission des militants et a fait que le parti est devenu un moyen entre ses mains pour donner la responsabilité et les postes à qui il veut et imposer sa volonté sur les structures du FLN", a lancé un militant sur un air de dépit. Le renouvellement des structures du parti a aussi été abordé par des participants à la rencontre. En effet, ils estiment que “des désignations ont été faites en l'absence des assemblées générales des militants". Il faut dire que le procès mené contre Belkhadem hier s'est soldé par sa “condamnation à la mort politique" par l'ensemble des présents. Les actuels membres du bureau politique (BP) du FLN, quant à eux, ont eu droit “au gel de leur fonction". Dans le même temps, un appel militant a été lancé revendiquant le départ immédiat de Belkhadem de la tête du parti. Il faut dire que tant la motion de condamnation que l'appel lancé hier auront à recueillir les signatures de la base militante pour atterrir en fin chez le président Bouteflika en sa qualité de président d'honneur du FLN et chez le ministre de l'Intérieur. Quoi qu'il en soit, la contestation se mobilise “aujourd'hui plus qu'avant pour dégommer Belkhadem de la tête du FLN", a promis Kara. N M