On l'ignore souvent mais celle qui va conduire pendant six ans l'opposition des socialistes néerlandophones à la ville d'Anvers - dominée désormais par les nationalistes flamands de Bart De Wever - est une Algérienne. Cette Anversoise a également un pied à l'étrier bruxellois puisqu'elle est devenue Cheffe de Cabinet néerlandophone du Premier ministre socialiste belge Elio Di Rupo. A l'occasion des fêtes de fin d'année, le Roi Albert II s'est adressé à ses concitoyens et, dans son discours télévisé, le Roi des Belges a mis en garde les habitants du royaume : "En ces temps perturbés que nous vivons, soyons vigilants-a déclaré le souverain- et montrons-nous lucides face aux discours populistes. Ils s'efforcent toujours de trouver des boucs émissaires à la crise, qu'il s'agisse de l'étranger ou des habitants d'une autre partie de leur pays. Ces discours existent aujourd'hui dans de nombreux pays européens et aussi chez nous. La crise des années 30 et les réactions populistes de cette époque ne doivent pas être oubliées. On a vu le mal que cela fit à nos démocraties". Il n'en fallait pas davantage pour que le contenu de ce discours soit mis en cause par les Flamands au nord du pays : la référence aux années 30 du siècle dernier reste en effet douloureuse . Elle rappelle le passé collaborationniste de certains Belges-et notamment de Flamands- qui voyaient dans les idées nationales –socialistes l'émergence possible d'une sécession de la Flandre soutenue par Hitler. Les propos du roi Albert II ont donc immédiatement été mal perçus en Flandre car ils ont été considérés comme une attaque frontale contre les nationalistes flamands de la NVA. Les dirigeants néerlandophones -mais aussi les observateurs de la politique intérieure belge- ont aussitôt mis en cause les services du Premier ministre car, dans le Royaume de Belgique, le roi règne mais ne gouverne pas : les discours royaux sont donc soumis à la critique du Premier ministre qui n'aurait pas empêché cette référence aux années trente. Et il y a quelques jours, la cheffe de cabinet du Premier ministre belge est montée au créneau. Interviewée sur le dernier discours royal , elle observe que « Le Premier ministre reçoit le texte à l'avance et peut y faire des remarques ». Elle ajoute aussi ne pas avoir parlé de ce discours avec le Premier ministre , et , à la question de savoir s'il n'était pas préférable de supprimer ce passage contesté , la cheffe de Cabinet répond qu' « il aurait en effet sans doute été préférable de supprimer cette référence aux années ‘30 vu la manière dont le discours est maintenant détourné». Après coup, la Cheffe de Cabinet du Premier ministre lâche qu' «Il est triste que nous devions faire de l'auto-censure, si nous voulons faire référence au populisme». Mais «Ce qui est frappant- a encore indiqué Yasmine Kherbache c'est que le roi Baudouin avait fait plus ou moins le même discours en 1993 et que personne n'avait alors bronché» ce qui « en dit long sur les tensions politiques dans notre pays» a conclu la cheffe cab du Premier. Une cheffe cab émet des critiques sur ce qu'aurait dû faire ou non son ministre, voilà un comportement bien surprenant et le journal « La Libre Belgique » estime le cas suffisamment rare pour être souligné. « En cas de désaccord grave, en général, il y a une démission volontaire ou forcée à la clef. Bizarre donc » note « La Libre » qui note qu'aucun commentaire n'a suivi « les propos librement tenus par la super-technicienne du cabinet » A.M