La déroute politique collective conforte la revendication autonomiste, en faisant peser le risque d'éclatement, ou du moins, l'ébranlement de l'idéal unitaire. L'avenir de l'unité de la Belgique en péril ? La déferlante autonomiste de la Flandre a tout balayé sur son passage pour offrir à la Belgique multilinguiste un vrai « casse-tête chinois » hanté par les vieilles rivalités entre les francophones et les néerlandophones. Depuis la victoire écrasante des indépendantistes de la NVA (nouvelle alliance flamande), conduite par Bart De Wever, le fragile équilibre communautaire a vacillé dans ses fondements : de 3%, les suffrages flamands ont atteint le seuil incroyable de 28%, reléguant à l'arrière-plan les partis traditionnels (sociaux-démocrates, socialistes et libéraux) en perte de vitesse avec près de la moitié des résultats électoraux de leur rival de droite. La déroute politique collective conforte la revendication autonomiste, en faisant peser le risque d'éclatement, ou du moins, l'ébranlement de l'idéal unitaire. La Flandre autonome à gauche et la Wallonie à droite module l'option de l'ingouvernabilité. Impasse ? L'image d'Epinal du « nœud à papillon, relevée par le quotidien flamand De Tijd en allusion au noeud à papillon brandi par le Premier Ministre pressenti, Elio Di Rupo, traduit le malaise généralisé. Le feu est en la demeure. Sous les auspices du roi Albert 1er, de «longues et compliquées» négociations sont entamées pour faire face à la nouvelle situation et recomposer un équilibre institutionnel précaire. En recevant en premier le vainqueur du scrutin, fort d'un groupe parlementaire de 29 membres (sur les 150), le roi se doit de résoudre l'énigme gouvernementale, tout en étant confronté à l'exigence de la disparition de la région de Bruxelles formulée par les indépendantistes. Dans les traditions belges, il est acquis que le futur Premier ministre, Di Rupo, issu du camp socialiste francophone (28 sièges), doit appartenir à la « famille politique, qui a remporté le plus grand nombre de siège de part et d'autre des frontières linguistiques. Le compromis tragique entre le « nouveau roi de Flandre », acquis au système confédéral, et le leader socialiste, est une alternative partagée entre « les deux hommes pour un Etat ». La réforme de l'Etat est privilégiée par le patron de la NVA qui estime que « ensemble, flamands, bruxellois et wallons, nous devons avoir le courage de conclure un équilibre ». Pour le politologue des universités catholiques de Mons, Pierre Vercauteren, les choix diversifiés redent difficile la quête d‘une voie commune. Il a affirmé que « la Flandre a voté communautaire et la Wallonie a voté économique et social ». Nécessairement, le précédent belge déroute sur la vieille Europe. En juillet, la présidence semestrielle tend les mains à la Belgique frappée de plein fouet par le syndrome tchèque restée sans gouvernement lorsqu'elle a pris les rênes de l'UE. «Nous sommes convaincus que la Belgique peut faire face à ce défi et avoir une présidence efficace et ambitieuse, même dans cette situation qui bien entendu est un défi, comme pour tout pays qui se trouve en train de former un gouvernement alors que la présidence de l'UE arrive», a déclaré la porte-parole de la Commission européenne. Il est vrai que les indépendantistes flamands de la NVA sont de grands partisans de l'unité européenne, en laquelle ils voient une chance de dissolution de la Belgique dans le cadre d'une Europe des régions. Une nouvelle carte politique est-elle en train de se dessiner dans une Europe en crise ?