Les investissements pourraient devenir plus importants si certains projets se concrétisent notamment dans le secteur des hydrocarbures. L'Algérie a créé au lendemain de l'indépendance un tissu économique basé sur l'industrie lourde s'inspirant du modèle soviétique et des propositions de Gérard Destannes de Bernis sur le thème de l'industrie industrialisante. Le complexe sidérurgique d'El Hadjar, les grandes entreprises comme SNVI, PMA, Eniem, BCR, Saidal, Naftal, Sonatrach, SNTA,ENTP,Giplait,Enie, Cnan, participent de cette logique. Il n'est pas aberrant que l'Etat soit à l'origine d'une politique industrielle audacieuse comme ce fut le cas en France mais à condition que les entités publiques disposent d'une large autonomie de décision et des critères de gestion répondant aux exigences du marché. Tel ne fut pas le cas et l'Etat a tout régenté : les prix de vente, la grille salariale, les dotations budgétaires, les effectifs... Le fait d'avoir bridé la création d'entreprises privées n'a pas favorisé le développement de la sous-traitance. Des besoins d'approvisionnements en pièces détachées et en produits semi-finis et biens intermédiaires apparurent, d'où les besoins énormes de les importer. 80% des importations de petite et moyenne quantité s'adressèrent à des sociétés françaises, notamment des PME. Des 52 pays que notre association Amie a prospecté, c'est le marché algérien qui a été le plus prometteur. Depuis 1986 jusqu'à 1992, j'ai pu accompagner des centaines d'entreprises de l'Est parisien chaque année. Même pendant la décennie noire, nous avions marqué notre présence à la Foire internationale d'Alger, avec certes moins d'entreprises. Les raisons sont multiples : la proximité géographique, les affinités humaines, les liens engendrés par les flux des populations de part et d'autre de la Méditerranée, sans oublier que la plupart des sociétés algériennes et des installations industrielles avaient fait appel à l'ingénierie française. Par contre les grands contrats exigeaient l'intervention publique et souffraient parfois d'aléas politiques. Les huit premiers postes d'exportation français sont les véhicules automobiles, les produits pharmaceutiques, les produits de raffinage du pétrole, les céréales, les machines pour l'extraction et la construction, les produits laitiers et fromages, les ordinateurs et équipements périphériques, les accessoires pour véhicules automobiles et les machines pour l'extraction ou la construction. Ils concentrent environ 60% du total de des exportations françaises vers l'Algérie en valeur sur la période considérée. L'Algérie recule d'une place dans le classement des clients hors-OCDE de l'Hexagone où elle figure désormais au 4e rang, derrière la Chine, la Russie, mais également Singapour. Cependant la France demeure le 1er fournisseur de l'Algérie, avec une part de marché ramenée à 18,74% alors que jusqu'au début des années 2000, ce chiffre dépassait les 25%. Cette chute s'explique par l'agressivité de la Chine qui a vu sa part de marché progresser de 3,56 pts à 10,98%, mais aussi en raison de l'affaiblissement de l'offre industrielle française. En valeur les exportations françaises vers l'Algérie s'élèvent à 10,060 milliards USD. La Chine constitue le 2e fournisseur de l'Algérie avec 6, 414 milliards USD. L'Italie occupe la 3e place avec un volume équivalent à 3,896 milliards USD soit 9,69%, des importations globales. Etant le 4e fournisseur de l'Algérie, l'Espagne a enregistré un volume de 2,627 milliards USD ce qui représente 6,53% du total des importations. L'Allemagne occupe le 5e rang dans la liste des fournisseurs de l'Algérie, ayant enregistré un volume équivalent à 2,345 milliards USD soit 5,83% du total des importations. Les USA représentent le 6e fournisseur de l'Algérie avec un volume de 2,148 milliards USD soit 5,34% des importations algériennes. Les investissements français hors hydrocarbures sont les plus importants. Ils ont atteint 2,5 milliards de dollars et pourraient devenir plus importants si les projets en cours de négociation – notamment une nouvelle cimenterie Lafarge et un centre de biotechnologies de Sanofi – se concrétisent. 100 000 emplois indirects en Algérie Le plus important reste le complexe de vapocraquage à Arzew, près d'Oran, entre Total et l'entreprise publique Sonatrach, un investissement de 5 milliards de dollars. Le projet coince sur la détermination du prix du gaz destiné au complexe. Les investissements français, même s'ils sont sous-représentés dans le secteur des hydrocarbures, sont assez diversifiés et couvrent aussi bien l'agroalimentaire, l'industrie ou les services.Les entreprises françaises en Algérie contribuent au développement, avec 35 000 emplois directs et près de 100 000 emplois indirects. Les banques françaises Société Générale, BNP et Natixis se sont installées en Algérie bien avant l'introduction, en 2009, de la règle du 51 % – 49 %. Elles font de bonnes affaires – Société Générale est la première banque privée d'Algérie –, même s'il est arrivé qu'elles se plaignent des freins mis au développement de leurs réseaux d'agences. Selon les chiffres de l'ambassade de France, fin 2010, 71 % des investissements français en Afrique du Nord étaient réalisés au Maroc (9,1 milliards d'euros), contre 15 % en Algérie (1,9 milliard d'euros), 7 % en Libye (884 millions d'euros) et 7 % en Tunisie (842 millions d'euros). C. S. (*) Professeur à la Sorbonne, expert financier