La Russie, l'un des derniers soutiens du régime syrien, a appelé samedi à lancer un processus de transition politique sans ingérence extérieure en Syrie, où la spirale de violences se poursuit avec son lot macabre et de destructions. Devant l'escalade continue des combats entre soldats et rebelles, la Suisse a fait part de son intention d'envoyer, lundi au Conseil de sécurité de l'ONU, une pétition signée par 52 pays réclamant la saisie de la Cour pénale internationale pour les crimes de guerre commis en Syrie. Après une réunion à Genève avec des émissaires russe et américain, le médiateur international Lakhdar Brahimi a affirmé que tous trois étaient d'accord pour appeler à la formation d'un gouvernement réunissant toutes les parties en conflit et ayant “les pleins pouvoirs exécutifs". L'ambassadeur algérien a souligné que cela signifiait “tous les pouvoirs de l'Etat", sans donner davantage d'explications. Cela pourrait signifier dans la pratique que le président Bachar Al-Assad serait privé de toutes ses prérogatives. Jusqu'ici, c'est sur le sort du président syrien qu'ont achoppé les négociations de Lakhdar Brahimi qui s'est résolu à fonder ses propositions de règlement de la crise syrienne sur la désormais “Déclaration de Genève", datant de juin 2012 et qui ne se prononce par sur cette question, laissant cependant libre cours aux interprétations. Si Washington y voit le chemin vers l'ère post-Assad, Moscou insiste pour que les Syriens eux-mêmes, sans ingérence extérieure, trouvent une solution pour mettre fin à 22 mois de conflit qui a fait plus de 60 000 morts selon l'ONU. Réaffirmant son soutien au plan de Genève, Moscou a donc appelé à “lancer un processus de transition politique visant à inscrire dans la loi l'égalité de droits garantis pour tous les groupes ethno-confessionnels de ce pays". “La priorité est de faire cesser immédiatement toute violence et effusion de sang et d'acheminer l'aide humanitaire aux Syriens", a affirmé le ministère russe des Affaires étrangères, en apportant son soutien à la mission de Brahimi, critiqué et accusé de partialité par le pouvoir syrien qui n'a pas fermé la porte à sa médiation. La nouvelle position russe et les déclarations du médiateur sur les blocages de la solution négociée par Bachar al-Assad en personne aura certainement des répercussions au sein du régime de Damas. La Syrie a basculé dans la guerre civile après qu'une révolte populaire violemment réprimée par le régime se soit militarisée et les combats opposant les soldats à des déserteurs aidés par des civils ayant pris les armes mais aussi des djihadistes venus de l'étranger. D. B.