La secrétaire d'Etat US, Hillary Clinton, a eu hier un entretien téléphonique avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, sur la crise d'otages. Washington affirme son refus de négocier avec les terroristes. L'ambassadeur d'Algérie à Tokyo convoqué, Washington et Londres déplorent le fait de ne pas être informés de la décision d'Alger de donner l'assaut, et le parquet de Paris qui ouvre une enquête pour “enlèvement suivi de mort" sur la prise en otage par un groupe islamiste. L'attaque terroriste contre le site gazier d'In Amenas a inévitablement provoqué une mini-crise diplomatique. Au-delà de l'inquiétude des pays concernés (Etats-Unis, Japon, Grande-Bretagne, France, Autriche, Norvège et le Canada) par le sort de leurs concitoyens victimes de la prise d'otages spectaculaire perpétrée depuis mercredi matin, les déclarations des officiels ont frôlé dans certains cas l'ingérence. “Le Japon est profondément inquiet que le gouvernement d'Algérie ait mené une opération militaire pour tenter de libérer les otages", a déclaré jeudi un vice-ministre des Affaires étrangères à l'ambassadeur algérien. Le Premier ministre japonais contactera le Premier ministre algérien afin de mettre fin à cette opération. Cette opération terroriste inquiétera également l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui a estimé que “la prise d'otages sur un site gazier en Algérie fait peser un nuage noir sur les perspectives du secteur de l'énergie du pays". La Grande-Bretagne a demandé des “explications" d'Alger alors que Washington, via Hillary Clinton, a expressément demandé à ses expatriés de quitter l'Algérie et non le site gazier d'In Amenas. La veille, Washington a affirmé n'être pas informé de l'intervention algérienne. Mais cet acharnement diplomatique a baissé d'un cran hier, même si les capitales occidentales ont fait de la prise d'otages un événement majeur. La France s'est dite être “régulièrement" informée par Alger dans l'affaire de la prise d'otages et les autorités algériennes ont estimé qu'elles n'avaient pas d'autre choix que de donner l'assaut. C'est du moins ce qu'a indiqué le Quai d'Orsay. Commentant la décision d'Alger de donner l'assaut, le représentant du Quai d'Orsay a évoqué une situation “particulièrement complexe, compte tenu de l'ampleur de la prise d'otages". De son côté, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a lancé, hier à Londres, une mise en garde aux insurgés islamistes qui ont attaqué le site gazier d'In Amenas, déclarant qu'il n'y aurait “pas de sanctuaire pour les terroristes". “Quelles que soient les motivations des preneurs d'otages, il n'y a aucune justification au fait de kidnapper et de tuer des innocents", a-t-il poursuivi dans un discours prononcé devant le King's College, une grande université de la capitale. Panetta a souligné que les Etats-Unis “travaillaient 24h sur 24" pour que leurs concitoyens puissent rentrer sains et saufs et allaient “poursuivre (leurs) consultations étroites avec le gouvernement algérien". L'Armée algérienne “traque toujours des terroristes" et cherche “probablement" des otages, a déclaré, pour sa part, hier matin, le Premier Ministre britannique, David Cameron, devant les députés britanniques, après s'être entretenu pour la quatrième fois avec son homologue algérien, Abdelmalek Sellal. M. Cameron, qui a qualifié de “terroriste, brutale et sauvage" l'attaque de mercredi, a, une nouvelle fois, regretté de ne pas avoir été prévenu du lancement, jeudi, de l'opération par l'Armée algérienne. La priorité du Royaume-Uni “reste la sécurité des Britanniques, le rapatriement de ceux qui ont été tués et l'évacuation des otages blessés et libérés", a encore dit M. Cameron. Enfin, la Norvège, sans nouvelles de huit ressortissants à In Amenas, a émis le souhait d'être informée par avance de l'opération militaire algérienne. Mais elle a indiqué qu'elle se tenait prête à envoyer deux avions médicalisés près du site gazier, mais attendait une autorisation des autorités algériennes. “La situation est tellement confuse qu'il est préférable d'avoir des capacités rapidement mobilisables dans la région", a expliqué un porte-parole de l'armée norvégienne, le lieutenant-colonel Bent-Ivan Myhre. F B