Le déploiement de la force ouest-africaine au Mali, où l'armée française poursuit sa progression vers le nord, reprenant la ville de Konna aux djihadistes, était au centre de la réunion des chefs d'état-major de la Cédéao. Dans cette zone, se trouve “un millier de terroristes appartenant aux groupes les plus durs, les plus fanatiques, les mieux organisés, les plus déterminés et les mieux armés", a assuré le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Ce dernier a indiqué hier qu'il y avait “aujourd'hui 2 000 militaires français au Mali" dans le cadre de l'opération Serval. Paris avait annoncé, vendredi, que 2 500 militaires seraient déployés au Mali. “Peut-être qu'on les dépassera", a affirmé M. Le Drian, interrogé par la chaîne de télévision France 3, en ajoutant qu'au total “environ 4 000 militaires" seraient “mobilisés pour cette opération". La nouveauté est que la France, qui s'inquiétait de se voir poursuivre seule son opération, avec notamment le risque d'un retour de boomerang, a pu, en fin de semaine, souffler, Bruxelles va se dépêcher pour assumer ses promesses de formation de la force de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), les Etats-Unis feront de même, convaincus des dangers djihadistes après la prise d'otages dans le Sud algérien. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a estimé, jeudi, que des pays européens pourraient mettre à disposition des soldats pour l'intervention au Mali contre les islamistes armés. Il est “tout à fait possible que des pays européens décident non seulement d'apporter de la logistique, mais aussi de mettre à disposition des soldats", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères à l'issue d'une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles sur la crise malienne. “Mais nous ne pouvons les forcer à le faire. Il y a des limites à la politique de sécurité et de défense, même si nous le regrettons", a-t-il ajouté, ce qui met en doute la participation d'armées de l'UE qui se contentera d'assistance logistique et de formation. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a affirmé que plusieurs pays européens n'excluaient pas d'apporter un soutien militaire à la France, sans parler de troupes ou de soldats. “Un certain nombre de pays ont dit très clairement qu'ils étaient prêts à soutenir la France par tous moyens, et ils n'ont pas exclu un soutien militaire", a-t-elle déclaré lors de sa conférence de presse. L'Allemagne, la Belgique et le Danemark ont annoncé la mise à disposition de moyens de transport aériens. L'Italie s'est dite prête à fournir un soutien logistique. Mais, sous peu, l'armée française au Mali sera soulagée par les forces africaines, à qui François Hollande souhaite transmettre l'opération, sinon la voir se hisser aux avant-postes de la guerre pour faire recouvrer au Mali ses territoires du Nord. Les premiers éléments de la force d'intervention ouest-africaine (Misma) qui doit chasser les groupes armés occupant le nord du Mali depuis neuf mois, une centaine de Togolais et de Nigérians sont à Bamako depuis jeudi ; ils ont été rejoints par une trentaine de Béninois. Les arrivées d'Africains s'accélèrent : 250 militaires nigérians qui seront rapidement rejoints par 750 autres soldats. Plus que ce qu'Abuja avait promis. Cette force militaire africaine doit comprendre, à terme, non pas 3 300 hommes prévus initialement, mais, environ 5 500. Dans une première phase, quelque 2 000 membres de cette force doivent être déployés sur le terrain des opérations d'ici le 26 janvier. Huit pays ouest-africains —Nigeria, Togo, Bénin, Sénégal, Niger, Guinée, Ghana et Burkina Faso — plus le Tchad ont annoncé leur contribution pour pour prendre, à terme, le relais de l'armée française. Cette force sera néanmoins encore soutenue par l'armée française, engagée depuis deux semaines contre les djihadistes, dont elle a bloqué le 11 janvier l'offensive vers le sud du pays. D. B