Les yeux vont être désormais rivés sur la conférence des donateurs pour financer l'intervention dans le Nord-Mali, prévue le 29 janvier au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, dans l'espoir de récolter un maximum de fonds pour cette opération. La question du financement des forces africaines de la Cédéao reste entière. Le sommet extraordinaire de la Cédéao a eu lieu samedi dans la capitale ivoirienne pour le constater. Les dirigeants ouest-africains ont appelé les Nations unies à fournir un appui logistique et financier immédiat pour le déploiement effectif des troupes de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma). Le président en exercice de la Cédéao avait auparavant effectué une visite à Berlin pour essayer d'obtenir de la chancelière allemande plus que son engagement formel, en vain : les Allemands se contenteront du minimum, un appui logistique plutôt symbolique. La ministre des AE de Bruxelles a promis pour sa part de remplir le cahier des charges prévoyant une mission de formation militaire à Bamako destinée aux hommes de la Misma, sans plus de détails ni sur son contenu et encore son financement. Sans le “nerf de la guerre", l'argent, les chefs d'Etat de la Cédéao ont signé l'ordre de déploiement de la force internationale de soutien au Mali, qui sera dirigée par un général nigérian, mais leur sommet d'Abidjan n'a pas établi de calendrier précis ni pour l'ordre d'arrivée des troupes au Mali ni comment sera honoré la facture de l'intervention panafricaine. En effet, rien de concret n'a été dévoilé sur le huis clos des dirigeants ouest-africains réunis pour la dixième fois en dix mois pour se pencher sur la crise malienne, hormis la réaffirmation de leur détermination à “accompagner le Mali dans la résolution de la crise sécuritaire et institutionnelle" et leur gratitude à la France, pour avoir déclenché les opérations qui ont permis de contenir la progression des terroristes vers le sud du Mali. Des remerciements également aux pays africains ayant déjà prépositionné les troupes qui vont constituer la Misma : le Tchad, le Nigeria et le Sénégal. Cette force internationale n'est pas encore financée, et c'est peut-être l'une des raisons de l'inertie des pays de la Cédéao, alors que son idée a émané de ces mêmes dirigeants africains. Au départ, il était question d'une force exclusivement ouest-africaine pour le Mali. L'idée a fini par évoluer vers une force internationale. Une meilleure façon d'impliquer les bailleurs de fonds, avait-on estimé à Paris qui, il faut le souligner, a fait avancer l'idée d'intervention de la Cédéao, pour se retrouver seul lorsqu'il a fallu donner le coup d'envoi de l'intervention le 11 janvier. L'assistance logistique de la part de ses partenaires occidentaux s'est d'abord faite parcimonieuse pour s'accélérer après l'opération terroriste contre le site gazier d'In Amenas. Les yeux vont être désormais rivés sur la conférence des donateurs pour financer l'intervention dans le Nord Mali, prévue le 29 janvier au siège de l'UA (Union africaine) à Addis-Abeba. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, qui a pris part aux travaux des chefs d'Etat de la Cédéao dans la capitale ivoirienne, a rappelé que la Misma devait se déployer “le plus vite possible" car, reprenant les assurances du président français François Hollande, “l'opération française engagée le 11 janvier n'a pas vocation à se substituer à l'action de la Misma". La Cédéao et la France comptent sur la conférence d'Addis-Abeba pour mobiliser des ressources et d'autres formes de soutien nécessaire aux forces maliennes de défense et de sécurité, qu'il faut recomposer de bout en bout, ainsi qu'à la Misma et soulager également la France dont l'économie est au rouge. En outre, ont estimé les commissions de l'UA et de la Cédéao, auteures de la conférence des donateurs de la Mission de paix internationale au Mali, les financements à travers les contributions statutaires des Nations unies doivent se poursuivre et être accélérés. La présidente de la commission de l'UA, Dr Nkosazana Dlamini-Zuma, et le président de la commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo, se sont rencontrés pour examiner le coût du budget pour un an de la Misma, estimé à plus de 240 millions de dollars fin 2012, mais qu'il faut revoir à la hausse ne serait-ce que parce que sa composante passera selon de nouveaux engagements, notamment du Nigeria, de 3300 soldats à 5000. D. B