C'est par “un message d'espoir" que le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Réda Hamiani, a d'emblée affiché hier au Forum de Liberté son optimisme quant à “la prise en main" de l'économie nationale par l'équipe Sellal. Tout en saluant “la volonté politique" du nouveau Premier ministre, le patron des patrons algériens s'est toutefois refusé de “regarder dans le rétroviseur", estimant que “le FCE, mû par l'intérêt général, positive toujours et ne campe jamais sur des positions stériles". S'agissant précisément de cette démarche imprimée par Sellal, Réda Hamiani trouve que l'actuel Chef du gouvernement a emprunté une logique beaucoup plus “opérationnelle" plus en phase, selon lui, avec celle des chefs d'entreprise. D'après le président du FCE, il n'est plus question de “théories" et de “concepts macroéconomiques" mais l'heure est à “la relance de la machine". Il semble surtout que la décision d'alléger les procédures et d'améliorer notamment le fonctionnement des banques ait soulevé un grand enthousiasme dans les rangs des patrons. Pour M. Hamiani, “les gages de bonne orientation économique de Sellal sont encore plus propices lorsque l'on sait que l'Algérie est aujourd'hui un îlot de stabilité politique au milieu d'une agitation régionale où tout est heurts et télescopages". Une conjoncture favorable qui, selon le président du FCE, devrait être impérativement mise à profit. À ce sujet, M. Hamiani ne désespère pas d'assister en Algérie à une véritable “renaissance économique". Il parle volontiers aujourd'hui d'“un saut qualitatif" dès lors qu'il s'agit de “dé-bureaucratisation", d'“un meilleur accès au financement", de “facilitation des procédures"... Des revendications, somme toute a minima, de la part d'un chef d'entreprise qui se félicite également de la mise en place de “deadline" (date-limite) c'est-à-dire une meilleure gestion du temps. “Il ne s'agit plus de dire : on va faire mais plutôt on fait tout de suite !". C'est cette approche pragmatique qui semble emballer le président du FCE pour qui “l'économie productive" ne peut être un vain mot. Par exemple, “il s'agit de sortir au plus vite de l'ornière des usines fermées". Revenant sur le bilan des réformes économiques en Algérie, le patron des patrons a estimé que celui-ci était “décevant" reconnaissant toutefois les difficultés à suivre “un modèle de développement" économique donné. Pour M. Hamiani, il y a comme une nécessité pour l'Algérie de trouver sa voie “après que le modèle soviétique eut volé en éclats et que le libéralisme avec la crise des subprimes" et “la financiarisation de l'économie" eut montré à son tour toutes ses limites. “Chacun voit midi à sa porte" Interrogé, par ailleurs, sur la règle “controversée" des 51/49, M. Hamiani considère toujours cette mesure comme “un frein à l'attractivité de l'économie algérienne" mais il n'appelle pas, cependant, à sa suppression. Le président du FCE plaide plutôt pour “la modulation" de cette disposition en fonction “des réalités et des intérêts du pays". L'ancien ministre de la PME reconnaît, toutefois, la nécessité pour l'Etat de protéger des secteurs stratégiques “au cas par cas" soulignant que, par le passé, le Conseil national des investissements (CNI) avait autorisé notamment des banques étrangères à s'installer avec des participations à 100%. Enfin, M. Hamiani battra en brèche l'affirmation récente d'Abderrezak Trabelsi, le délégué général de l'Association des banques et établissements financiers, (Abef) qui avait révélé, lors du dernier Forum de Liberté, que le secteur privé algérien avait supplanté depuis 2005 le secteur public en termes de captage des concours financiers. L'ancien ministre de la PME a révélé que grâce aux “surliquidités" les banques algériennes ne se refinancent plus auprès de la Banque centrale, et ce, depuis au moins 2003. Et puis, pour lui, “les crédits bancaires octroyés ont été accaparés essentiellement par les crédits à la consommation et les différents dispositifs d'aides à l'emploi comme l'Ansej, la Cnac, etc., et cela sans aucun risque industriel", a-t-il précisé. De toute manière, “à l'heure où chacun voit midi à sa porte", le président du FCE préconise “une sortie de crise par le haut". Pour lui, la mise en valeur et le développement de notre tissu industriel passe nécessairement par “l'économie de la connaissance", un choix clairement assumé en faveur des industries à haute charge en matière grise pour lesquelles nos investisseurs doivent se hisser. Pour M. Hamiani, “à quelque chose, malheur est bon", la facture d'importation — qui a augmenté entre l'an 2000 et 2012 de près de 400 % — aura favorisé en Algérie “un nouveau modèle de consommation", des exigences de qualité et une demande plus fine de la part des Algériens. Des besoins nouveaux auxquels les investisseurs, tant nationaux qu'étrangers, doivent répondre aujourd'hui d'une manière compétitive. M C L