Le président de la République entame sa tournée dans le Grand-Sud avec l'intention d'obtenir assez de ralliement. C'est connu. Les villes du Sahara ont toujours constitué des réservoirs de voix pour les candidats du pouvoir. “Bienvenue au Président”, pouvait-on lire sur une immense banderole déployée, hier, à la sortie de l'aéroport de Tindouf. Première escale de la visite du chef de l'Etat — une autre le mènera demain à Béchar —, l'ancienne ville garnison a rompu avec son austérité habituelle en offrant une allure bigarrée. Les fanions multicolores, les drapeaux, les arbustes plantés çà et là sur la route de l'aérodrome, les façades rafraîchies et les trottoirs badigeonnés des principales avenues ont servi, par ailleurs, à maquiller la misère endémique qui prospère dans les murs lépreux du vieux centre populeux. “Le fait que le Président vienne est un grand honneur pour nous”, se félicite un vieillard rencontré au détour d'une rue. Enthousiasmé par cette visite, la première du genre depuis l'investiture de Bouteflika, il évacue dans un souffle tous les maux dont souffre Tindouf. “Chaf fina”, “il nous a prêté attention, c'est le principal”, lance notre interlocuteur. À la faveur d'une échéance cruciale pour l'avenir du Président, le devenir d'une wilaya enclavée et oubliée est donc posé. D'aucuns pensent que la visite du chef de l'Etat vise des objectifs qui n'ont de liens, sinon très distendus, avec son intitulé officiel. Catalogué dans le cadre des tournées d'inspection, ce séjour, à forte résonance électorale, sera bien évidemment marqué par une série d'inaugurations. Le clou de cette visite : sa rencontre en fin de journée avec les notables et les élus de la ville. Comme il est maintenant de coutume, le maire ou un représentant d'une organisation de masse lui fera lecture d'une énième motion de soutien. “Ici, il n'y a qu'un seul FLN, celui du Président”, tranche un élu de la ville. À Tindouf, la bataille en cours extra-muros pour le contrôle du vieux parti est hors de propos. Selon des sources, l'inauguration d'une station de pompage à Hassi Abdellah pourrait donner prétexte au chef d'Etat pour effectuer un détour dans les camps situés à quelques encablures de là. “Nous préparons activement sa visite”, confie un responsable de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). “Le programme de la visite ne prévoit pas cette escale”, dément pour sa part le wali de Tindouf. En revanche, le Président procédera à l'inauguration des 24 premiers kilomètres du tronçon routier qui relie, à 100 km à l'Ouest, Ghar Djebilet à la frontière avec les territoires sahraouis. À l'heure actuelle, une seule route, la RN 50, relie cette localité au reste du pays. Pour le reste, les subsides du plan de la relance économique qu'elle s'est vu attribuer ont juste suffi à tromper l'ennui de sa jeunesse grâce à des emplois temporaires. S. L.