Le combat des praticiens spécialistes de santé publique date de plus de dix ans et devient pratiquement cyclique avec des grèves qui reviennent quasiment chaque année. Aux dernières dates, en l'occurrence d'abord celle de 2001 qui est à marquer par une pierre blanche, les praticiens spécialistes ont réussi à arracher aux pouvoirs publics le droit à un plan de carrière avec la révision du statut particulier des praticiens promulgué en 1991. Autrement dit, le médecin du secteur public peut passer du grade de praticien spécialiste à celui de praticien spécialiste principal et enfin à celui de praticien spécialiste chef. La commission qui s'est penchée sur les revendications du syndicat devait aussi étudier particulièrement les possibilités de révision du statut indemnitaire des médecins travaillant dans les secteurs sanitaires ainsi que l'application de la réglementation des établissements publics et du décret de 1997 qui gère les structures sanitaires telles que les CHU et les CHS. Mais cet accord n'a pas été semble-t-il respecté dans sa totalité, ce qui a amené les spécialistes à rééditer leur protestation l'année suivante au mois d'octobre. Les premières rencontres se sont soldées par un échec. C'est dire toute la difficulté des syndicalistes à arracher quoi que ce soit d'une tutelle qui s'est “dit” toujours dépassée pour reléguer le problème carrément à la chefferie du gouvernement. En effet, les décisions ont pratiquement toutes émané de cette instance qui, jusqu'à ce jour, continue à jouer “le médiateur” pour désamorcer des crises. C'est justement le cas en 2002, quand le ministre du Travail a été chargé par le Chef du gouvernement d'intervenir. Le problème se règle donc et met fin à la grève, en novembre 2002, avec promesse d'installation d'une commission de suivi qui se chargera de la mise en application des autres points restés en suspens. En outre, trois grands points qui constituaient la plate-forme de revendications ont été satisfaits. Il s'agit du statut particulier du médecin spécialiste de la santé publique, sa participation aux comités médicaux consultatifs et l'application du statut des établissements de santé publique. Au sujet de la révision du régime indemnitaire visant un alignement des salaires, les augmentations ont été considérables passant du simple au double, soit une réduction d'écart de 70% à 25%. En 2003, il a suffi au syndicat d'annoncer la grève qui, en définitive, n'a jamais eu lieu, pour susciter une réaction de la part de la tutelle favorable à une issue heureuse. C'est ainsi que le président du syndicat décide du “maintien de la suspension de la grève”. Un inédit qui dénote de la méfiance du syndicat. La réunion du 22 avril 2003 a donc réussi à mettre sur les rails les modalités techniques pour concrétiser les deux décrets signés préalablement par le Chef du gouvernement et le décret présidentiel relatif au statut particulier avec dispositions transitoires. Les conditions transitoires d'intégration concernent les praticiens spécialistes ayant plus de dix ans d'ancienneté pour les hisser au deuxième grade (d'assistant au principal) et pour ceux qui comptent à leur actif plus de 15 ans d'expérience au troisième grade (de principal au chef). Ces dispositions devaient toucher 1 000 praticiens spécialistes avec une incidence financière d'environ 1 milliard de DA. La prime d'intéressement devait concerner, quant à elle, les 4 500 praticiens qui constituent ce corps. Mais les choses n'ont pas évolué comme s'y attendait le SNPSSP. Après avoir laissé trois mois de sursis au nouveau ministre et à son équipe pour se familiariser avec le dossier et concrétiser les accords, le syndicat, depuis lundi dernier, décide d'entrer en grève, déçu de ne rien voir venir. Le nouveau ministre, en l'occurrence M. Mourad Redjimi, s'en défend et déclare respecter tous les engagements, le retard n'ayant servi qu'à arracher un meilleur seuil indemnitaire. Comme mesure d'apaisement, la chefferie du gouvernement fait vite de rendre public un communiqué pour annoncer les différentes augmentations indemnitaires. Le ministre de tutelle, quant à lui, prend le relais et appelle au dialogue. En d'autres termes, le Pr. Redjimi est donc prêt à discuter tous les moyens à même de garantir au médecin spécialiste un salaire “décent”, mais il ne conçoit en aucun cas un alignement avec les hospitalo-universitaires. Si l'on considère que c'est là une position plus au moins justifiée et que les spécialistes n'ont qu'à passer les concours pour accéder au même rang, il n'en demeure pas moins que la revendication du syndicat reste de mise, notamment pour ce qui est du glissement catégoriel. Tout simplement parce qu'il s'agit d'un accord paraphé par les pouvoirs publics, et tout revirement ne ferait qu'enliser une situation de mépris qui n'a que trop duré… N. S.