Les Israéliens se sont rendus mardi pour élire leurs députés à la Knesset. Le Premier ministre sortant de droite devrait décrocher un troisième mandat. La liste ultra droitière devra l'emporter haut la main. D'abord, le Likoud de Netanyahu, puis son allié dans le gouvernement précédent, le parti Israël Beiteinou de l'ultranationaliste et sulfureux Avigdor Lieberman, dont les frasques d'alcôves et scandales d'affairisme avaient conduit à ces élections anticipées. Netanyahu a mené, par ailleurs, la campagne de son nouveau mandat avec les nationalistes religieux du Foyer juif de Naftali Bennett, porte-parole des colons et de la recolonisation de la Cisjordanie. Le partisan des arabes hors de Palestine a été la star de la campagne électorale. Le Likoud a juré de ne pas chercher à faire la paix avec les Palestiniens. Durant sa campagne, Netanyahu s'est enorgueilli d'avoir créé la première université israélienne en Cisjordanie occupée, dans la colonie d'Ariel. “Personne n'a de leçon à me donner pour ce qui est de l'amour d'Eretz d'Israël (le grand Israël) ou de l'engagement vis-à-vis du sionisme et des implantations", n'a-t-il pas cessé de souligner. En face, les travaillistes et la gauche n'ont pas fini de payer leur compromission avec la droite, étant devenu tout aussi anti-arabes que les droites nationalistes et religieuses. Netanyahu n'aura même pas à s'inquiéter des nuages qui se sont accumulés sur l'économie israélienne. Le “printemps de Tel Aviv" n'aura été qu'un fait de mode, les Israéliens obnubilés que par leurs voisins, d'où d'ailleurs ce maintien de Netanyahu aux affaires alors que sa gestion calamiteuse ne cesse de s'agraver. Près de 20 ans après les accords d'Oslo et les espoirs qu'ils avaient suscités, la gauche israélienne n'est plus que l'ombre d'elle-même. Sur le terrain international aussi, Netanyahu pourrait éprouver rapidement de nouvelles difficultés, après le vote par la dernière assemblée générale de l'Onu de la résolution attribuant le siège d'Etat d'observateur à l'Autorité palestinienne lui ouvrant la voie de poursuivre les dirigeants israéliens devant la Cour pénale internationale. Promoteur actif de la colonisation, Netanyahu va encore se retrouver sous pression de la communauté internationale, en particulier des Européens, ne serait-ce que pour renouer le dialogue, suspendu depuis septembre 2010, avec le président palestinien Mahmoud Abbas. Obsédé par l'Iran, il n'a pas réussi jusqu'à présent à convaincre ses alliés, avant tout les Etats-Unis, de la nécessité d'une opération militaire contre les sites nucléaires iraniens. Pis encore, ses relations notoirement tendues avec le président américain réélu Barack Obama lui font courir un risque d'isolement croissant. Mais la question n'est pas tant si reconduit, Netanyahu serait en mesure de résister aux pressions de l'administration américaine sur son refus d'un Etat palestinien que la volonté d'Obama d'exercer des pressions sur le leader israélien ? Est-ce qu'Obama va faire le saut et ne plus s'aplatir devant les violations du droit international et des résolutions de l'Onu condamnant Israël ? Normalement rien ne le lui interdit maintenant qu'il n'a plus le souci d'un autre mandat. Et puis, comme le lui rappellent les Palestiniens, asseoir l'existence du peuple palestinien dans leur Etat est un de ses engagements forts de sa première arrivée à la Maison-Blanche. Les Palestiniens et dirigeants arabes nourrissent toujours cet espoir. Netanyahu va rempiler pour la troisième fois consécutive avec le bloc de droite/extrême-droite. Et cette Knesset sera celle des colons, qui sont devenus la force idéologique dominante en Israël. D. B