L'Algérie demeure à la traîne dans nombre de domaines, loin derrière des pays qui sont partis de conditions initiales semblables aux nôtres, il y a 50 ans Le collectif “Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées" (Nabni) rendra public, le 26 janvier prochain le rapport Algérie 2020 “Cinquante chantiers de rupture pour bâtir l'Algérie de 2020". Fruit d'un travail consultatif qui s'est déroulé tout au long de l'année 2012, et en démarrant d'une analyse dynamique des données économiques, sociales et institutionnelles à l'horizon 2020, ainsi que d'un benchmark international, le groupe Nabni propose, au débat public, le même jour à la salle Cosmos, au complexe Riad El-Feth, à Alger, une vision pour l'Algérie, et un projet global pour la réaliser, en s'appuyant sur 50 chantiers structurants dans les domaines de l'économie, de l'éducation, de la santé, du vivre ensemble et de la gouvernance. Pour le collectif Nabni, cinquante ans après l'Indépendance, le constat est mitigé : malgré des progrès significatifs dans plusieurs domaines (revenu par habitant, recul de précarité et des inégalités, accès à l'éducation, au logement, aux soins, à l'infrastructure, etc.), notre pays n'est pas encore parvenu. L'Algérie demeure à la traîne dans nombre de domaines, loin derrière des pays qui sont partis de conditions initiales semblables aux nôtres, il y a 50 ans. La Corée du Sud, par exemple, a vu son revenu par habitant multiplié par 16, la Malaisie par 5 et la Turquie par plus de 3. “Si le statu quo actuel en termes de gouvernance publique et de politique économique se poursuit, à l'horizon 2020, notre pays pourrait avoir quasiment siphonné ses réserves de changes, et le Fonds de régulation des recettes pourrait ne plus contenir un seul dinar d'épargne pour l'Etat", avertit Nabni. Selon un scénario probable où les prix du baril se maintiendraient mais les exportations d'hydrocarbures baisseraient face à une production stagnante et une consommation énergétique nationale en croissance, “nous pourrions être obligés de recourir à l'endettement extérieur pour couvrir nos importations". La dette extérieure pourrait même retrouver des niveaux insoutenables durant les années 2020. “Ce scénario catastrophique n'est pas un mythe. Il est loin d'être improbable", affirme Nabni. “Si l'Algérie s'obstine dans son paradigme de rente éternelle et dans les fausses réformes, nous nous acheminons droit vers l'iceberg", prévoit le think tank. Le meilleur est toutefois possible indique Nabni. “Le navire Algérie" peut, encore, éviter l'Iceberg. “Il n'est pas trop tard d'engager le virage du développement et du progrès. Si l'Algérie se réapproprie ses rêves de l'indépendance, elle pourra mobiliser ses enfants pour concevoir et mettre en œuvre un projet global à la hauteur des énormes défis qui l'attendent et des aspirations de son peuple", estime le collectif “Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées." Le projet que propose Nabni fait de “Cinquante chantiers de rupture pour bâtir l'Algérie de 2020", relie “dans un ensemble cohérent et indissociable, des chantiers structurants, des virages dans les politiques publiques, dans les domaines économiques, social, éducatif, urbain, culturel et de santé publique, en asseyant le tout sur des réformes fondamentales de la gouvernance et des institutions de l'Etat". Sur la base d'une vision partagée, une refonte globale de la gouvernance publique permettra de construire des institutions fortes au service du citoyen. De nouvelles politiques seront élaborées et mises en œuvre sur la base d'un calendrier préalablement établi et sous le contrôle des élus du peuple et des différentes institutions. La perspective de cet iceberg, image de la fin de notre prospérité rentière, impose aux pouvoirs publics d'engager le pays dans un projet de développement qui soit suffisamment audacieux et ambitieux, pour rompre avec la trajectoire actuelle et mener, enfin, du jeune navire de 50 ans, qu'est l'Algérie, à bon port. Le risque est que ce cri d'alarme citoyen ne subisse le sort des avertissements télégraphiques que le Titanic avait reçus la veille de son naufrage. M R