La journaliste et écrivaine syrienne Samar Yazbek a reçu le “Prix Oxfam Novib/Pen" à l'occasion du Festival littéraire international des Nuits d'Hiver (La Haye aux Pays-Bas), pour son livre “Feux croisés, journal de la révolution syrienne". Cet ouvrage est un document vivant sur les manifestations et le soulèvement de son peuple confronté à un clan sanguinaire. “Nous nous sommes réveillés sur une étrange information qui aurait pu passer inaperçue : un vendeur de légumes tunisien s'est immolé par le feu. Mohamed Bouazizi, l'universitaire tunisien, a touché nos cœurs, il est à l'origine des révoltes arabes..." En recevant le prestigieux Prix Oxfam Novib/Pen, à l'occasion du Winternachten-Internationaal Literature Festival de La Haye (Festival littéraire international des Nuits d'Hiver), Samar Yazbek a délivré un hommage émouvant à la bravoure du peuple syrien et dénoncé la sauvagerie du régime de Bachar Al-Assad. En 2012, elle a reçu le Prix Pinter International du Courage (Harold Pinter est prix Nobel de littérature). Son livre, “Feux croisés, journal de la révolution syrienne", couvre les premiers cinq mois du soulèvement populaire contre la dictature au pouvoir en Syrie. Elle prit activement part aux manifestations et déclara son opposition à la répression et aux tueries du régime. Son reportage écrit à la première personne et ses témoignages sont un récit méticuleux des faits et événements depuis les premières protestations devant les ambassades libyenne et égyptienne à Damas. Dénoncée par sa famille du clan alaouite, elle fuit, recherchée et arrêtée en de multiples occasions par les autorités. “Bachar Al-Assad, ajoute-t-elle, a fait plus et pire que Moubarak, Kadhafi et Saddam Hussein qui avait coutume de dire ‘Nul ne peut m'échapper plus de vingt-quatre heures', car il tenait en otages les parents, les frères et sœurs, la famille de la personne recherchée." à travers “Feux croisés, journal de la révolution syrienne", Samar Yazbek a dressé un document vivant sur les manifestations et le soulèvement de son peuple confronté à un clan sanguinaire. “Le peuple et la révolution syriens m'ont transformée en une autre femme", confesse-t-elle, parce que le geste de l'homme qui s'est immolé par le feu à Tunis lui a révélé l'immolation de la femme arabe dans une société patriarcale et macho. Avec une grande humilité, Samar Yazbek évoque celle qui, plus qu'elle mérite le Prix reçu, Khaoula Dounia, militante des droits de l'homme et née pendant la révolution grande poétesse. “Liberté" : “Feux croisés" est votre premier livre... Samar Yazbek : C'est mon premier livre traduit en anglais, en français, en allemand, en néerlandais et dans d'autres langues. J'ai d'autres livres écrits en arabe. Votre livre est du journalisme d'enquête ? C'est plus que cela, c'est du journalisme et de la littérature. Je me suis engagée dans les manifestations, la dénonciation du régime de Bachar Al-Assad et la confrontation avec lui. Ce n'est pas uniquement du travail d'observation. Il y a dedans une grande part de participation, avec des témoignages sur les premiers mois de la révolution. Avec en plus les techniques du roman. La situation actuelle est tragique en Syrie. C'est un enfer ! Chaque jour, deux à trois cents personnes sont tuées. Bachar Al-Assad a fait plus que Moubarak et Kaddafi ! Quelle sera son évolution ? C'est ouvert. Le pire comme le meilleur nous attendent. Vous avez évoqué Khaoula Dounia, nous ne la connaissons pas... Personne n'a parlé d'elle. Elle était au premier rang des manifestations et elle écrit de magnifiques poèmes. C'est à elle que revient le prix ! La révolution a fait d'elle une grande poétesse ! M. M.