Des tombes du cimetière Zaghouan de Annaba ont été profanées par un promoteur immobilier, et d'importants dommages ont été causés à la mosquée du quartier. Les habitants des quartiers situés à proximité du cimetière Zaghouan, le plus ancien de la ville d'Annaba, dénoncent la profanation de ce site par une entreprise de promotion immobilière, qui aurait détruit intentionnellement une grande partie du mur d'enceinte et profané, ce faisant, de nombreuses tombes. Par-delà le scandale de sacrilège qu'a provoqué cet acte délibéré, l'empiètement de la franchise du lieu de sépulture est au centre de toutes les discussions à Annaba, où on n'hésite pas à évoquer l'influence de la proximité d'un cimetière sur la valeur d'un bien immobilier. Pour le plus grand nombre, une telle proximité est inenvisageable : s'ils apprécient “Poltergeist" à la télévision, les gens ne veulent pas se retrouver avec un mort-vivant sur leur palier... Tout ceci prête évidemment à sourire et n'est guère raisonné, mais toujours est-il que la vie à proximité et, le cas échéant, à l'intérieur d'un cimetière n'est pas anodine. Selon le président de l'association de quartier El-Kharouba, “les travaux de terrassement effectués ont entraîné d'importants dommages à la mosquée de la cité et causé la destruction d'anciennes sépultures générant la mise à nu des ossements subrepticement camouflés et non déclarés". Ces accusations graves sont contenues dans une lettre de protestation adressée au wali de Annaba, dont nous détenons copie. Ne s'arrêtant pas à ce constat, les habitants demandent au wali de mettre un terme à ces dépassements qualifiés “d'immoraux" et de mettre en demeure l'entreprise de se conformer scrupuleusement à la règlementation en vigueur et, précisément, aux termes de l'autorisation qui lui a été accordée par l'administration. Dans ladite lettre, le président de l'association El-Kharouba affirme que la “promotion en cours de réalisation pour un RDC+5 étages ne répond pas aux exigences du POS qui limiterait la construction au RDC+2 étages ". Et ce ne serait pas tout, est-il ajouté, puisque, toujours selon les auteurs de la correspondance, ce promoteur serait sur le point de lancer un chantier de construction d'une tour de 14 étages sur une parcelle de terrain jouxtant le même cimetière. Les habitants du quartier estiment, quant à eux, que ce projet en gestation compromet une démarche citoyenne collective qui vise à l'agrandissement du cimetière, objet de la polémique. “Nous avons sollicité à maintes reprise l'administration pour que ce petit terrain soit associé au cimetière Zaghouan qui est devenu trop exigu pour contenir les tombes. Hélas, nous apprenons à nos dépens qu'il a été accordé au même promoteur pour accueillir une tour de 14 étages", regrettent-ils. Et de s'interroger sur le rôle de l'administration dans le contrôle et le suivi s'agissant de “l'entorse faite à la réglementation régissant l'urbanisme, d'une part, et du respect dû aux morts, d'autre part. Ils annoncent, pour conclure, qu'une opération d'identification des sépultures concernées par “la profanation" a été initiée par les familles des morts enterrés dans cette partie du cimetière. Anticipant sur les résultats de l'opération d'identification, les familles concernées menacent de poursuites judiciaires le promoteur. Affaire à suivre... A. A