«Hormis dans la capitale et certaines grandes villes où les pouvoirs publics veillent, bon gré mal gré, au respect dû aux sépultures, tous les cimetières chrétiens et juifs ont été plus ou moins profanés. Certains d?une bien horrible façon». Un journaliste algérien. Un commerçant de passage à Sidi Brahim (ex-Prudhon), un joli village près de Sidi Bel Abbes, fut atterré de découvrir le cimetière chrétien totalement ravagé. Les tombes avaient été presque systématiquement profanées, tout comme les caveaux familiaux. Les dalles de marbre avaient été vendues aux bouchers et autres vendeurs de nougat. Le commerçant, profondément choqué, sentit son c?ur saigner pour tous ces morts dont les familles n?étaient plus là et dont les ossements avaient été outragés si affreusement, pauvres vestiges de vie, pathétiques et sans défense. Le peu de pierres tombales, qui étaient encore debout, indiquaient que tous ces morts étaient nés à Sidi Brahim. Ah, s?ils avaient pu savoir ce qu?ils allaient devenir après leur mort, quand ils étaient jeunes, beaux et si pleins de vie. Ah, si leurs parents pouvaient voir ce qu?étaient devenus leurs chers disparus ! Le c?ur serré et les larmes au bord des yeux, notre bon samaritain interpella un homme d?un âge certain qui passait à proximité et lui demanda comment les habitants de ce village avaient-ils pu permettre ces ignobles profanations. Imperturbable, le vieillard répondit, mine de rien, que c?étaient des jeunes dés?uvrés qui déterraient les morts pour leur enlever les alliances en or qu?ils portaient lorsqu?ils avaient été inhumés. Le commerçant ne put retenir ni ses larmes ni sa colère. Récemment à Sétif, un Français, qui voyait cette ville pour la première fois, se rendit au cimetière juif afin de se recueillir devant la tombe d?une vieille tante. La s?ur de sa mère. Celle-ci, de confession juive, lui avait demandé de dire une prière devant la tombe de sa s?ur, morte depuis plus de cinquante ans. Lorsque ce Monsieur entra dans le cimetière, il faillit tomber à la renverse. Jamais il n?aurait osé imaginer, dans son pire cauchemar, que des hommes pouvaient se livrer à une profanation aussi monstrueuse de tout un cimetière. Tout un pan de mur avait été abattu. Les gens avaient pris l?habitude de couper à travers les tombes pour se rendre d?un quartier à un autre. Le cimetière était devenu un raccourci. Il était aussi devenu un lieu de débauche. Des marginaux venaient s?y saouler et s?y livrer à des actes contre nature. Pas une seule tombe n?avait été épargnée. Une horreur sans nom. En toute impunité. Et jusqu?à aujourd?hui !