C'est l'une des très rares visites en Algérie d'un Premier Ministre britannique. Le drame d'In Amenas aura poussé David Cameron à faire le déplacement. Deux objectifs majeurs sont attendus de cette visite. axvLe Premier Ministre britannique, David Cameron, arrive aujourd'hui à Alger pour une visite officielle d'une journée. Ce déplacement, inattendu, intervient après les douloureux évènements d'In Amenas et, notamment, l'attaque terroriste suivie d'une prise d'otages de ressortissants étrangers dont des Britanniques dans le site gazier de Tiguentourine. Le Premier Ministre britannique sera reçu par son homologue, Abdelmalek Sellal, ainsi que par le président Bouteflika. David Cameron aura certainement des éclaircissements à demander auprès des hauts responsables algériens concernant la spectaculaire attaque terroriste perpétrée le 16 janvier dernier contre le site de Tiguentourine dans lequel British Petroleum est associée à la compagnie norvégienne Statoil et à Sonatrach. Il assurera les responsables algériens du maintien des investissements britanniques en Algérie, mais il insistera sur la nécessité de renforcer les mesures de sécurité autour des entreprises pétrolières et des sociétés du Royaume-Uni opérant dans d'autres secteurs dans le pays. Dans la tragédie de la prise d'otages, David Cameron a été particulièrement virulent à l'égard du gouvernement algérien, allant jusqu'à reprocher à ce dernier de ne pas l'avoir informé de l'assaut donné par les forces spéciales de l'ANP pour sauver les otages qui étaient au nombre de 800, dont 140 étrangers, et éviter que le groupe terroriste commandé par Belmokhtar ne dynamite le site. Cette réaction, pour le moins injustifiée, a suscité un grand étonnement à Alger, surtout que les relations algéro-britanniques ont connu une véritable relance depuis la visite d'Etat effectuée par le président Bouteflika à Londres en juillet 2006. Cet étonnement était d'autant plus justifié du fait du silence des responsables de British Petroleum après les informations ayant circulé et publiées dans notre édition du 19 janvier, selon lesquelles la compagnie britannique a signé un contrat avec une société privée de transport et de sécurité et dont les membres auraient des liens avec la famille de Abou Zeïd. Ce dernier étant l' “émir" d'Aqmi au Sahel, il aurait certainement utilisé des renseignements pour pouvoir opérer et attaquer dans des zones pratiquement inaccessibles vu les mesures de sécurité mises en place depuis plus de 20 ans. La visite de David Cameron permettra-t-elle de lever le voile sur certains aspects de la gestion de BP ou des défaillances, volontaires ou involontaires, ayant conduit à l'irréparable ? On sait que le Premier Ministre britannique ne sera pas accompagné du P-DG de BP qui serait actuellement à Washington. Dans ce drame qui a emporté plus de 40 personnes dont 37 ressortissants étrangers lâchement assassinés par leurs ravisseurs, l'Algérie a une fois de plus été le théâtre de l'une des opérations les plus meurtrières perpétrées par le terrorisme international, ces dernières années. David Cameron, qui est revenu plus tard à de meilleurs sentiments, a porté l'entière responsabilité de la mort des otages aux terroristes. Mais pouvait-il faire autrement ? Les exigences de la lutte contre le terrorisme le commandent. Et dans le même temps, Cameron tente de rassurer l'opinion publique sur la volonté de son gouvernement de prendre en charge les affaires du peuple britannique de plus en plus soumis aux effets de la crise financière internationale et à qui il entend soumettre par référendum la question du retrait ou du maintien de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne. Un double objectif est ainsi fixé pour cette visite. Mettre à plat la tension diplomatique entre Londres et Alger née des évènements de Tiguentourine et donner l'impression que le Premier Ministre britannique active dans le seul intérêt du Royaume-Uni. S T