La bataille rangée entre la Troïka et les partis de l'opposition pour les postes-clés dans la perspective d'un remaniement ministériel conduit la Tunisie vers le néant. La situation politique se complique chaque jour avec l'aggravation des différends autour de questions liées à la neutralité des départements de souveraineté, le quota politique, l'utilité de recomposer le gouvernement voire même l'efficacité de l'actuel team gouvernemental. Il faut dire que la crise que traverse le gouvernement a débuté avec la démission du ministre chargé de la Réforme administrative Mohamed Abbou et du ministre des Finances Houcine Dimassi (mi-2012). Une aggravation de la situation qui pourrait même pousser le président de la République à claquer la porte. C'est d'autant plus certain dans la mesure où Mohamed Abou, aurait affirmé dans une lettre confidentielle transmise au Conseil national du CPR, que Moncef Marzouki envisageait de démissionner de son poste de président de la République si les négociations autour du remaniement ministériel échouaient. Moncef Marzouki envisagerait également la démission si Hamadi Jebali quittait son poste de Chef du gouvernement. Des rumeurs persistantes font valoir que M. Jebali compte démissionner dès aujourd'hui, lundi faute de consensus autour du remaniement. La principale pomme de discorde tourne autour de Rafik Abdessalem et Noureddine Bhiri, respectivement, ministre des Affaires étrangères et ministre de la Justice. Le CPR et Ettakatol exigent le remplacement de ces deux ministres, alors qu'Ennahda, et spécialement le conseil de la choura, exigent leur maintien à leur poste. Un week-end explosif que vient de vivre le paysage politique tunisien. Samir Ben Amor, conseiller de Moncef Marzouki, a déclaré hier sur sa page personnelle avoir soumis sa lettre de démission au président de la République lui demandant de “se décharger de ses fonctions de conseiller du président de la République". “Je ne vois plus d'intérêt aujourd'hui de demeurer au palais de Carthage et je préférerais me consacrer pleinement à mon poste au sein de l'Assemblée nationale constituante", a-t-il précisé sans détailler davantage les motifs de sa démission. Dans le même sillage, le secrétaire général du CPR, Mohamed Abbou a menacé, samedi, lors du Congrès national extraordinaire de son parti de retirer ses ministres au sein du gouvernement au bout d'une semaine si les ministres de la Justice et des Affaires étrangères ne sont pas remplacés. Abbou a affirmé que le mouvement Ennahdha s'est engagé oralement pour garantir les demandes de ses partis partenaires au sein de la troïka. Il a annoncé que son parti rejoindrait l'opposition et discutera la constitution d'une nouvelle coalition si le mouvement Ennahdha ne respecte pas les revendications contenus dans le document de travail et de gérance de la Troïka. Dans la même journée du samedi, M. Kaïs Saïd, un expert tunisien en droit constitutionnel a même remis en question, lors d'une rencontre scientifique à la faculté des sciences juridiques de Tunis, la pertinence du remaniement ministériel attendu, l'importance d'élargir la coalition au pouvoir, l'efficacité de l'organisation provisoire des pouvoirs en Tunisie ainsi que le rendement de la direction au sein de la coordination de la Troïka. I. O.