C'est une incroyable revanche que l'Algérie est en train de prendre sur l'Histoire. “Brisée, martyrisée et outragée" pour reprendre les mots célèbres du général De Gaulle à la libération de Paris, elle avait vécu dans l'isolement, voire l'humiliation, la lutte contre le terrorisme intégriste. Les acteurs de cette lutte, acculés pourtant à une position de survie, étaient rangés dans la catégorie peu flatteuse d'éradicateurs quand les vrais éradicateurs, égorgeurs et coupeurs de tête, étaient élevés au rang d'interlocuteurs politiques méritant qu'on leur tende la main pour une réconciliation qu'ils n'avaient pourtant jamais sollicitée puisque leur dessein ostensiblement proclamé était une prise totale du pouvoir, conférant à leurs adversaires un rang de “dhimmis". Au mieux ! Parce que les laïcs, les démocrates, les communistes, les nationalistes devaient être tout simplement excommuniés, apostasiés. Eradiqués. “S'il y a un pays qui a été victime de la barbarie, c'est bien l'Algérie", a soutenu, hier, avec force, le président français en défendant l'intervention de son armée au Mali. C'est une mise au point nécessaire et bienvenue alors que çà et là est évoqué un éventuel rôle trouble de l'Algérie dans la situation au Sahel. Un petit air de “qui tue qui ?" a commencé à s'élever même dans le cas de la gigantesque prise d'otages d'In Amenas qui aurait été fomentée par les services algériens pour un sombre dessein que des experts en crétinerie ont cru pouvoir déceler. Mais on n'est plus dans les années 1990 lorsque l'Internationale socialiste et ses puissants relais médiatiques avaient fait de l'Algérie un pays infréquentable, soumis à l'embargo militaire et diplomatique. En 1996, le président Jacques Chirac avait voulu éloigner caméras et photographes d'un rendez-vous programmé avec son homologue algérien en marge d'une assemblée générale de l'ONU à New York. Liamine Zeroual l'avait annulé. C'était le temps où l'Algérie alertait sur le caractère transnational du terrorisme. Pour François Hollande : “Nous avons besoin de l'Algérie." Usant encore de l'anaphore, le chef de l'Etat français a insisté sur ce rôle. “Nous avons besoin de l'Algérie pour lutter contre le terrorisme, nous avons besoin de l'Algérie pour favoriser le développement (du Sahel), nous avons besoin de l'Algérie pour le dialogue politique" au Mali. Sur l'intervention de l'armée à In Amenas, crtiquée aussi par les mêmes experts en crétinerie, François Hollande a été catégorique. “Je n'ai pas à discuter de la méthode de l'Algérie", a-t-il jugé, avant de souligner qu'il y avait quand même plus de 600 personnes retenues en otage. D'ailleurs, Japonais et Occidentaux ont ravalé leurs critiques quand il ont pris connaissance de l'ampleur de la mission accomplie par l'armée et des desseins des preneurs d'otages d'Aqmi. A. O