Résumé : Je me rendis à l'hôpital pour me faire changer les pansements. Je méditais sur mon sort. J'avais réussi ma carrière, et je possédais un CV des plus envieux, mais ma vie familiale je l'avais pratiquement abandonnée. Je n'avais plus aucune féminité. Je rentrais chez-moi. Et si je demandais à Youcef de dîner dehors en famille ? Je pourrais prendre Mehdi car je ne pense pas qu'on va trop tarder. Et puis le petit doit s'ennuyer comme pas un. Cela fait des lustres qu'on n'a pas pensé à le promener, ne serait-ce qu'au parc d'à-côté. La sonnerie de mon mobile me fait sursauter. C'était justement Youcef. Je m'empresse de répondre : -Salut, je m'apprêtais justement à t'appeler, on dirait que tu lis dans mes pensées. -Dans tes pensées non, mais je peux deviner que tu es à la maison. -Tiens ! Comment le sais-tu ? -J'entends les babillements de Mehdi. -C'est vrai je suis à la maison. Heu... et toi... tu rentres bientôt ? Un silence, puis mon mari me lance d'une voix hésitante : -Justement non. Je voulais te prévenir que je ne rentrerai pas tôt ce soir non plus. Je ne pouvais me retenir davantage : -Quoi ? Tu va encore rentrer à l'aube, un autre débat ? Tu ne vas pas me faire croire de telles sornettes. -Heu, non. Pas un débat, un dîner entre amis. Je ne pouvais me dérober. Cela fait déjà bien longtemps que je ne les ai pas revus, et chaque fois je déclinais leur invitation. Ce soir, c'est un peu différent, un ancien camarade de classe vient de rentrer d'Europe, après des années d'exil. Je ne peux pas refuser... -Mais si, tu peux, tu n'auras qu'à leur dire que tu sors avec ta femme et ton fils. -Voyons, je ne vais pas revenir sur mes dires. Comprends donc un peu ma gêne devant eux. -Je comprends que tu préfères tes amis à ta famille, moi qui voulais qu'on dîne ensemble ce soir. -Quelle surprise ! Depuis le temps qu'on ne voit plus ton ombre à la maison avant minuit. Aujourd'hui comme par hasard, tu veux qu'on sorte. Que se passe-t-il donc? -Rien, je voulais juste changer un peu, sortir de la routine. C'est pour cela que je suis rentrée tôt. -Tara ta ta... je vois plutôt une autre raison. -Laquelle ? -On t'a tellement harcelée à la rédaction que tu as préféré prendre la clé des champs. -Pas exactement, j'ai fait un saut juste pour tâter le pouls, je me sentais trop fatiguée pour y passer la journée. -Désolée ma chérie, nous reporterons ce dîner pour un autre soir. Je vais tâcher de ne pas trop tarder. J'allais riposter, mais il avait déjà raccroché. Je regarde mon portable dans la main, avant de le jeter avec rage contre le mur. Je sentais des larmes de détresse rouler sur mes joues. Je n'avais pas une vie de famille ! Mehdi me regardait, je m'approche de lui, et il se met à caresser mon visage mouillé. -Tu vois mon fils, je suis toujours une vilaine maman, mais ton papa devient aussi vilain que moi ces derniers temps, et il ne veut pas le reconnaître. Mehdi souriait, et ses fossettes se creusèrent. Il était si mignon, si adorable, que je le prends dans mes bras et me met à l'embrasser de toutes mes forces. Je lui chatouille le cou, puis la nuque, et il se met à rire aux éclats. Mon fils était devenu pour moi, ma seule consolation dans ces moments de détresse. Je lui prépare sa ration de purée, et lui fait manger un pot de yaourt. Rassasié, il s'endort sans trop de mal. Je me retrouve alors seule ; la maison était plongée dans un silence que n'interrompait que le tic-tac de la pendule. Les minutes s'égrenaient. Je n'avais ni faim ni envie de faire quoi que ce soit. Je décide de prendre un bain, cela va sûrement me détendre. (À suivre) Y. H.