Résumé : Semra est soucieuse et ne comprend pas pourquoi Azzedine est parti sans lui dire où il se rendait. Il est absent toute la journée. Quand il rentre en voiture, elle remarque qu'il est accompagné d'une femme. Il a pris sa journée pour être avec une autre femme. Semra en est furieuse. Elle aimerait le maudire. Un peu de haine l'aurait aidée à retrouver du calme. Le fait de l'avoir vu avec une femme l'a bouleversée. Dès qu'elle en a fini avec ses colons, elle s'en va chez aami Rabah. Ce dernier n'est pas là et cela l'arrange. Elle ne veut pas qu'il la voie dans cet état. - En plus, il l'amène ici ! Il voulait me mettre hors de moi ou quoi ? Est-ce que je ne suis rien pour lui ?, s'interroge-t-elle en arpentant sa chambre. Qu'est-ce qu'il lui a pris de l'amener ici ? Semra n'a pas eu le temps de la voir, de pouvoir lui donner un âge. Elle l'imagine belle, intelligente mais surtout charmeuse. Azzedine doit être suspendu à ses lèves. Elle, elle n'est plus rien pour lui. Il lui en a donné la preuve aujourd'hui. - Je n'ai jamais eu de chance, se dit-elle. Pourquoi espérer en avoir maintenant ? Quand on frappe à la porte d'entrée, elle ne va pas ouvrir tout de suite. Elle prend le temps d'aller se rincer le visage, d'essuyer toute trace de larmes avant d'aller ouvrir. - J'arrive ! En repoussant ses cheveux en arrière, elle ouvre le battant. C'est une femme rousse. Elle la reconnaît. C'est elle qui accompagnait Azzedine. Décidément, ce n'est pas son meilleur jour. Elle ne l'invite pas à entrer. - Bonsoir ! - Comment ça va ? Est-ce que aami Rabah est là ?, l'interroge l'inconnue. - Non, il est sorti. Les doigts toujours sur la poignée de la porte, Semra allait déjà refermer après avoir suggéré à la visiteuse de partir. Mais ç'aurait été grossier. Elle prend une profonde inspiration avant d'ajouter : - Il n'a pas dit quand il rentrerait, mais vous pouvez l'attendre au salon. - Merci. Une fois à l'intérieur, l'inconnue la scrute de haut en bas. Ses yeux verts la pénètrent et lui empoisonnent le cœur. Semra se préoccupe rarement de ce qu'elle porte. Aujourd'hui, par malheur, elle porte un vieux jean et une chemise à fleurs roses. Elle n'a aucun bijou et marche pieds nus. Pour comble de malheur, l'unique barrette qu'elle possède retient tant bien que mal ses cheveux. Elle est tout le contraire de la belle inconnue. Pantalon blanc, chemisier de soie vert, un collier en or et des boucles d'oreilles pour tout bijou. Ses cheveux retombent en vague sur ses épaules, retenus derrière les oreilles par des barrettes de perles. Elle est parfaite, ravissante. Tout ce qu'elle n'est pas. - Vous vous appelez ?, lui demande-t-elle. - Semra, répond la jeune fille. Et vous ? - Kenza. Vous êtes une parente à aami Rabah ? - Oui, sa nièce. Et vous, vous êtes ici pour le travail ?, ose demander Semra. Ou pour une autre raison ? - En effet, pour une autre raison, répond Kenza, avant de s'asseoir dans un fauteuil, la regardant avec une moue presque méprisable. Semra se détourne. Si tout à l'heure elle n'a eu aucune raison de la détester, maintenant elle l'en a. (À suivre) A. K.