Résumé : Semra se fait belle. Elle est transformée. Azzedine est troublé. Il l'avertit du risque qu'elle prend à jouer avec ses nerfs. Elle lui promet de ne plus se maquiller. Elle en a trop fait. Elle le sait. Elle ne veut pas se brûler les ailes... Azzedine ne se comprend plus. C'est un homme correct, bien éduqué. Il sait se montrer pointilleux, perfectionniste et impatient dans son métier quand il le faut. Il est capable de harceler son personnel, voire même le renvoyer quand il n'est pas satisfait. Mais dans sa vie privée, il n'a jamais donné à quiconque la moindre raison de le détester. Il n'a jamais blessé une femme ... jamais ! Depuis qu'il connaît Semra, il ne se maîtrise plus. Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Il a beau avoir quarante ans, il n'a aucune expérience qui aurait pu lui servir aujourd'hui. Avant son entrée à l'université, très timide, il n'a jamais eu de copines. Et ce n'est pas avec enthousiasme qu'il en a côtoyées. Malgré tout cela, il sait se montrer galant mais jamais il n'a été jusqu'à faire la cour à une femme, au grand désespoir de sa famille. Semra est la seule à être entrée dans le royaume de son cœur. Depuis quelques jours, elle a mis de la distance entre eux, lui parlant peu. Cela l'inquiète car il se culpabilise depuis qu'il lui a demandé de ne plus se maquiller, parce qu'il perd la tête en sa présence. -Est-ce que vous êtes en froid ? lui demande sa sœur Sabah qui a de la peine pour lui. -Je l'ignore, elle me paraît si pensive. -Pourquoi ne vas-tu pas discuter avec elle, elle est allée donner un coup de fil, du bureau. Tu peux l'y rejoindre, en prétextant, au début, chercher ammi Rabah, lui dit-elle. Il faut rompre la glace ! -Tu as raison, je suis stupide ! -Cueille-lui quelques fleurs du jardin, ajoute-t-elle alors qu'il s'apprête à rejoindre Semra. Il trouve l'idée bonne et cueille quelques fleurs au passage. Semra est dans le bureau de l'administration. Elle est au téléphone. -Ma tante, il est adorable. Nous nous entendons bien, nous sommes juste des amis, de la pure amitié. Tu le verrais, il est presque chauve, il a une petite brioche. Azzedine qui suit la conversation, passe la main sur ses cheveux puis sur son ventre. -Ma tante, il y a une soirée dansante, il faut que j'y aille ! Embrasse toute la famille ! Semra raccroche et se tourne vers Azzedine qui vient d'entrer. Il est mécontent. Elle l'accueille avec un sourire, sachant qu'il a entendu la conversation. -Bonsoir Azzedine, ces fleurs sont pour qui ? -Pour toi, tu parlais de moi à ta tante ? l'interroge-t-il en lui remettant le bouquet de fleurs. -Oui. -Je n'ai pas perdu mes cheveux ! -Je sais, répond-t-elle en refoulant une terrible envie de rire. Ils sont noirs. -Pas plus que je n'ai de brioche, ajoute-t-il. -Pas encore, dit Semra en regardant son ventre plat. D'ici quelques années. -Tu as aussi dit que j'étais adorable, tu le penses vraiment ? veut-il savoir. -Oui, merci pour les fleurs, dit-elle en souriant. Tu es venu pourquoi ? -Oui, es-tu d'accord pour prendre un nouveau départ ? lui propose-t-il. Amis ? -Amis, reprend Semra en mettant sa main dans celle qu'il tend vers elle. Pour toujours. Elle aurait pu lui fournir mille raisons de ne pas l'être. Elle a passé ces derniers jours à penser, à se faire au fait que malgré l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre, tout est voué à l'échec. Mais sa raison devient muette et sourde quand elle est en sa présence. Rien ne peut l'empêcher de le suivre à la soirée dansante. -Dalila, je t'aime ! -Moi aussi, murmure-t-elle, les yeux brillants de larmes, tout en le suivant à la piste de danse où les colons et moniteurs, les ont devancés. Un orchestre a mis de l'ambiance. Semra et Azzedine dansent. Elle s'efforce de ne plus penser. A quoi bon penser à demain ou à après-demain alors qu'elle tient son rêve entre les mains ? Même si elle sait que ce rêve filera comme du sable fin entre les doigts. Les jours sont comptés. Rien ne peut arrêter le temps et encore rien ne peut lui éviter les souffrances à venir. Ce ne sera pas facile de l'oublier. Lui qu'elle aime tant. Lui, l'homme de sa vie. (À suivre) A. K.