Le secteur est profondément gangrené. Le piston et la corruption sont devenus une condition sine qua non dans l'octroi des agréments ou l'affectation des lignes. Corruption, piston, absence de plans de transport et de circulation... Bref, c'est l'anarchie tout court. Ce constat amer a été dressé par le président de la Fédération du transport de voyageurs et de marchandises, Abdelkader Bouchrit, affiliée à l'Ugcaa, en marge des travaux du renouvellement du bureau de la wilaya d'Oran, composée de 11 membres, en présence des membres de l'APW et de la direction des transports de la wilaya d'Oran. En effet, le secteur vit une situation chaotique qui pénalise transporteurs et clients. “Il faut bien établir une étude sérieuse et approuver des plans de transport et de circulation. Les 48 wilayas sont dans la même situation. Soit les plans n'existent pas, soit ils sont anciens et dépassés par le temps", martèle M. Bouchrit, avant de poursuivre : “La corruption et le favoritisme ont gangrené le secteur. Sur quelles bases on octroie des agréments aux transporteurs et sur quelles bases sont faites les affectations vers telle ou telle ligne ?", s'interroge-t-il. “Les transporteurs ont toujours exigé de réglementer la tarification, car nous avons constaté des abus sur le terrain. Chaque wilaya, chaque transporteur et chaque ligne impose sa tarification. C'est inadmissible. Après le 0,25 centime le kilomètre, voilà une nouvelle tarification réglementée par la tutelle avec une hausse appréciable", souligne l'orateur. A Oran, la hausse est de 5 à 10 DA la place. “Le transport urbain est composé de 6 stations, 976 véhicules et de 20 lignes. L'interurbain est doté de 6 stations et plus de 881 véhicules pour 41 lignes activant quotidiennement. Quant au transport rural, nous avons enregistré 187 véhicules avec 34 lignes et l'interwilayas avec 377 véhicules pour 64 lignes. Pour le transport de marchandises, plus de 4838 véhicules pour le secteur public et 6750 camions pour le privé", a fait savoir le SG du bureau de la wilaya d'Oran de l'Ugcaa, Abed Mouad. Durant le débat, les intervenants ont soulevé un grand nombre de problèmes, dont le manque de parcs de stationnement, le manque d'arrêts officiels et d'abribus, la TVA à 17%, les impôts, les crédits bancaires et les intérêts... Cependant, ceux qui ont profité de l'Ansej sont les plus vulnérables pour diverses raisons. Outre le manque d'étude de leur projet de transport, le manque d'assistance et de formation, l'anarchie dans l'octroi des lignes, les impôts, la concurrence déloyale, le manque de plan de circulation, l'abus d'interdiction des poids lourds en ville, les travaux du tramway et des routes ainsi que l'absence de contrats de travail asphyxient la gestion de leur projet. De son côté, Abed Mouad a annoncé que plus de 344 dossiers Ansej sont à l'étude pour le transport des voyageurs, et 1336 pour le transport de marchandises : “Il faut vous organiser pour défendre vos intérêts", insiste le premier responsable de l'Union de la wilaya d'Oran, avant d'annoncer quelques bonnes nouvelles : “Un pôle de l'agroalimentaire sera créé à El-Kerma, et du coup, nous avons demandé la réservation d'un parc de véhicules pour les transporteurs de marchandises. D'autre part, le projet d'une nouvelle station pour les véhicules à Sidi Maârouf, près du terminal du tramway, verra le jour. La station s'étend sur 6 ha, avec une capacité de 100 millions de voyageurs par an. Une enveloppe de 8 milliards de dinars a été débloquée. Les travaux seront lancés en avril prochain, alors que deux autres gares routières sont prévues à hay Benarba et Belgaïd." Dans le souci d'améliorer le service public des transports, une formation est programmée pour les jeunes transporteurs dont certains sont devenus un vrai danger pour la circulation routière et les voyageurs. “Vous devez assainir la profession, car c'est votre gagne-pain et celui de votre famille. Prenez soin du client. Je vois mal un chauffeur qui se drogue, qui avale des psychotropes, conduire un bus ou un camion sur la route. C'est un acte criminel. Dénoncez ces délinquants !", insiste M. Mouad. Le ministre des Transports, Amar Tou, a pris l'engagement d'assainir le secteur et de trouver des solutions aux préoccupations des professionnels. Le ministre nous a reçus et une feuille de route a été établie. Pour le renouvellement du parc, l'Andi finance à hauteur de 50% les montants d'investissements. Cependant, ceux qui n'ont pas d'extraits de rôle apurés ont des contraintes. Pour cela, nous demandons à la tutelle d'éponger les dettes, surtout celles de la période de la décennie noire. Pour le reste, une réduction ou un effacement sont souhaités, car nous sommes des prestataires de service et non des producteurs pour nous imposer la TVA. N B