Bouteflika n'a jamais fait mystère de sa volonté d'exercer sa toute puissance sur les médias publics, et si cette volonté maintes fois réaffirmée était contrariée par une résistance de l'intérieur de ces médias, on l'aurait su. La presse gouvernementale, dans ses trois versions (écrite, parlée et filmée) a fait l'impasse, dans un même élan de censure, sur l'initiative du front contre la fraude dont la première série de rencontres a été sanctionnée, lundi, par une déclaration largement commentée, hier, dans les quotidiens indépendants. Le fait ne relève pas du détail car, derrière un black-out aussi scrupuleusement observé, se devine aisément l'injonction ferme et sans appel du pouvoir politique : il s'agit de limiter autant que faire se peut, la portée de l'initiative. Cela dit, il n'est pas tout à fait inintéressant d'écouter Hamraoui Habib Chawki justifier cet énième “ratage” de l'Unique par le fait que l'Entv n'était pas invitée à couvrir l'événement. Si cela devait sonner comme un défi lancé aux “dix”, qu'ils y pensent à l'occasion de leur prochaine réunion et nous serions alors édifiés sur la disponibilité de HHC à se soustraire aux instructions d'en haut. Car, pour sa part, Bouteflika n'a jamais fait mystère de sa volonté d'exercer sa toute puissance sur les médias publics, et si cette volonté maintes fois réaffirmée était contrariée par une résistance de l'intérieur de ces médias, on l'aurait su. Voilà d'ailleurs qui donne raison aux responsables politiques constitués en front contre la fraude quand ils dénoncent “la confiscation des médias audiovisuels”. Voilà également qui confère toute sa légitimité à leur initiative dont le but reste, ne l'oublions pas, celui de réunir les conditions minimales d'équité lors de la prochaine élection présidentielle. Cela passe par un traitement de l'information sans parti pris, chose impensable sous l'Exécutif actuel et en l'absence d'une instance indépendante à même de contenir la propension du pouvoir politique de Bouteflika à faire main basse sur tout : les ressources publiques, les médias, la justice et l'administration. C'est là que l'initiative du front contre la fraude prend tout son sens. S. C.